logo

Un sommet pour sauver le Mékong, menacé par les barrages chinois

Un sommet des pays riverains du Mékong se tient mercredi à Phnom Penh, au Cambodge, pour évoquer la disparition progressive des poissons dans ce fleuve qui nourrit des dizaines de millions de personnes, menacé par les nombreux barrages chinois.

Un sommet régional des pays riverains du Mékong s'est ouvert mercredi 10 janvier au Cambodge pour tenter de régler les inquiétudes liées au fleuve. L'immense cours d'eau, long de près de 4 800 km et qui nourrit des dizaines de millions de personnes, est menacé par les nombreux barrages du puissant voisin chinois.

De nombreux pêcheurs cambodgiens ont de plus en plus de mal à vivre grâce aux poissons du Mékong, pourtant vital à la survie des 60 millions de personnes en Asie du Sud-Est. Il abrite en outre la biodiversité aquatique la plus importante du monde après l'Amazone, avec notamment 1 300 espèces de poissons.

Pourtant, c'est plus au nord que tout se joue : les dirigeants chinois détiennent entre leurs mains l'avenir du fleuve. Le Premier ministre Li Keqiang se rend d'ailleurs mercredi à Phnom Penh, la capitale cambodgienne, pour participer au sommet dédié au fleuve.

Pékin a déjà construit six barrages sur le cours supérieur du Mékong et investi dans plus de la moitié des 11 barrages prévus plus au sud, d'après l'ONG de défense de l'environnement International Rivers.

La mainmise chinoise

Les groupes environnementaux estiment que les barrages représentent une grave menace pour l'habitat des poissons et perturbent les migrations et l'écoulement des principaux nutriments et sédiments, sans parler du déplacement de dizaines de milliers de personnes victimes d'inondations.

Si les habitants des pays les plus au Sud dénoncent une baisse des stocks de poissons à cause des barrages, les experts estiment qu'il est trop tôt pour tirer des conclusions complètes, étant donné le manque de données de base et la nature complexe de l'écosystème du fleuve.

En contrôlant le débit en amont, la Chine possède un moyen de pression incroyable. Ainsi en 2016, Pékin a permis au Vietnam d'atténuer les effets d'une grave sécheresse en ouvrant les vannes.

Et les pays d'Asie du Sud-Est ne peuvent pas tenir tête à la Chine sur le plan géopolitique, rappelle Thitinan Pongsudhirak, expert en politique étrangère à l'Université Chulalongkorn de Bangkok.

La superpuissance régionale a assis son autorité sur le dossier grâce au forum régional naissant, appelé coopération Lancang-Mékong (LMC). La Chine a offert, pour contenter ses voisins, des investissements le long du Mékong et des prêts à taux réduit.

Avec AFP