Un juge fédéral a ordonné jeudi la levée d'immunité et l'arrestation de l'ex-présidente de l'Argentine et sénatrice Cristina Kirchner. Elle est accusée d'avoir entravé l'enquête sur l'attentat de 1994 contre une mutuelle juive.
L'horizon judicaire de Cristina Kirchner s'assombrit. L'ancienne présidente de l'Argentine a été inculpée jeudi 7 décembre pour entrave à l'enquête sur l'attentat contre une mutuelle juive qui avait fait 85 morts en 1994. En réaction, la sénatrice a dénoncé une "violation de l'État de droit".
Le juge a également réclamé la levée de l'immunité parlementaire dont dispose l'ancienne dirigeante en raison de son statut de sénatrice, poste auquel elle a été élue en octobre.
Peu après, Cristina Kirchner a réagi lors d'une conférence de presse et jugé que les accusations portées contre elle "violaient l'État de droit". Elle a également accusé le président argentin Mauricio Macri de "manipuler" la justice.
C'est le juge fédéral Carlos Bonadio qui a mis en examen Cristina Kirchner pour "trahison" et demandé son placement en détention. En octobre, il l'avait convoquée et l'ex-présidente avait rejeté ses accusations.
Le juge considère qu'un pacte qu'elle avait conclu en 2012 avec l'Iran était une manière de permettre aux suspects iraniens de se dérober à la justice argentine.
L'accord prévoyait que des hauts fonctionnaires iraniens, soupçonnés d'avoir commandité l'attentat contre la mutuelle Amia, soient entendus par des magistrats argentins à Téhéran faute de pouvoir le faire à Buenos Aires. Le pacte avait été approuvé par le Parlement argentin, mais l'Iran n'avait finalement pas respecté les termes de l'accord.
L'accusation pour entrave à l'enquête au profit de l'Iran avait d'abord été lancée en 2015 par le procureur Alberto Nisman, à la tête du parquet. Mais à la veille de présenter son accusation contre Cristina Kirchner au Parlement, il avait été retrouvé mort dans son appartement de Buenos Aires.
Une mise en détention peu probable
Cristina Kirchner, 64 ans, a prêté serment la semaine dernière comme sénatrice. Avant tout placement en détention, le Sénat devrait d'abord voter la levée de son immunité.
Cependant, il semble toutefois peu probable que le Sénat puisse rallier les deux tiers des voix pour lever cette immunité car le mouvement péroniste auquel appartient l'ancienne présidente de gauche compte 32 sièges sur 75.
Avec AFP