Alors que la Russie va accueillir le Mondial-2018 dont le tirage au sort a lieu vendredi, le pays doit faire face à de considérables défis logistiques en se préparant à gérer les menaces terroristes ainsi que le hooliganisme.
Pour la plupart des fans de football, le tirage au sort du lundi 1er décembre détermine simplement les adversaires qu'affrontera leur équipe préférée lors du mondial de football 2018 de juin prochain. Pour la Russie, c'est surtout le coup d'envoi d'un sprint final de moins de 200 jours pour surmonter l'ensemble des défis logistiques que représente l'organisation d'un évènement d'une telle ampleur dans le pays le plus vaste du monde.
Plusieurs obstacles de taille attendent la Russie de Vladimir Poutine : lutte contre le hooliganisme et le racisme, menace terroriste renforcée par l'intervention militaire russe en Syrie mais aussi éventualité plus anecdotique d'une élimination précoce de l'équipe nationale.
La menace des hooligans
Alors que le pays est rongé par le hooliganisme, les autorités russes, qui veulent éviter à tout prix les scènes surréalistes de combats ultra-violents vues à Marseille en marge d'Angleterre-Russie lors du dernier Euro en France, ont mis en place plusieurs mesures.
Outre la promulgation d'une loi prévoyant l'interdiction d'entrée en Russie aux hooligans étrangers et le placement sur "liste noire" de certains leaders de groupes violents, un "passeport du supporter" (ou Fan-ID) sera mis en place pour vérifier le profil de chaque spectateur désirant assister à un match du Mondial.
Un racisme problématique
Les instances dirigeantes du football russe vont devoir également gérer le problème endémique du racisme dans les enceintes sportives, dont ont été victimes plusieurs joueurs étrangers évoluant dans le pays.
Le Brésilien Hulk avait confié avoir entendu des cris de singe "à presque chaque match" lors de son passage au Zenit Saint-Pétersbourg (2012-2016), tandis que le retraité ivoirien Yaya Touré a estimé que "si des situations de racisme se produisent en Russie, cela va être un gros gâchis".
Le patron du foot mondial, Gianni Infantino, a prévenu que la Fifa se montrera "extrêmement ferme" en cas d'actes discriminatoires ou racistes. Pour la première fois en Coupe du monde, l'arbitre aura même la possibilité "d'interrompre la rencontre voire d'y mettre fin" en cas d'incidents de ce genre.
La peur des "éléphants blancs"
Quatre ans après les dérives budgétaires des JO de Sotchi, le pays a mis le paquet avec 11,5 milliards de dollars (environ 9,6 millions d'euros) consacrés à des stades flambants neufs et des infrastructures hôtelières au risque de construire nombre "d'éléphants blancs", des installations qui seront laissés à l'abandon une fois l'effervescence du Mondial passée.
"Il est inutile de préciser que ce sont des infrastructures qui auraient été construites de toute façon. Rien n'a été spécifiquement construit pour la Coupe du monde, toutes seront utilisées après. Il n'y aura pas d'éléphant blanc, rien d'inutile ou de superficiel. Tout sera à la disposition des citoyens russes dans les années qui viennent", veut rassurer le directeur du comité d'organisation Alexeï Sorokine qui se défend également tout retard :
L'infrastructure la plus à l'est du pays pour le Mondial Russie 2018, l'Ekaterinbourg Arena. Vidéographie #AFP par @afpgraphics pic.twitter.com/g383e0NEdo
Agence France-Presse (@afpfr) 28 novembre 2017"Nous sommes prêts à plus de 80 %. Les stades, parmi les sept qui ne sont pas encore finis, sont prêts à 85-90 %. Il reste parfois des finitions, quelques détails et bien sûr l'aménagement du territoire alentour",
La menace terroriste
Touchée par plusieurs attentats au cours des derniers mois et ciblée par les jihadistes pour son engagement en Syrie, la Russie se prépare aussi des mesures drastiques face à la menace terroriste.
Un attentat à la bombe dans le métro de Saint-Pétersbourg (nord-ouest) a fait seize morts en avril 2017, tandis que sept personnes ont été blessées dans une attaque au couteau revendiquée par l'organisation État islamique à Sourgout (Sibérie) en août. Quelques mois avant les JO d'hiver de Sotchi en 2014, des attentats à la bombe avaient fait 34 morts à Volgograd (sud).
Des caméras de surveillance "continueront à être installées" selon le maire de cette ville-hôte située dans le sud de la Russie, tandis que des chiens renifleurs d'explosifs ont déjà été déployés dans chaque bus et train.
Vers une élimination précoce ?
Plus anecdotique que les défis précédents (sauf pour les supporters Russes), la menace, bien réelle, d'une élimination précoce qui pourrait venir gâcher la fête du mondial. La Russieest, des 32 participants au Mondial, l'équipe la moins bien classée au classement Fifa où elle ne pointe qu'au 65e rang. Sa présence dans le chapeau 1, celui des favoris, grâce au statut de pays hôte, est loin de l'assurer un groupe facile.
Il y a du mieux au sein de la "Sbornaïa" depuis le début de l'année mais mais le sélectionneur Stanislav Cherchesov a reconnu, dans une interview au site Championat.com, que la mission sera compliquée. "Il y a des équipes qui semblent moins fortes mais est-ce une garantie de sortir des groupes?", a-t-il reconnu.
L'objectif annoncé est d'atteindre les quarts de finale mais le chef de l'Etat voit plus grand. "Bien sûr, j'espère que notre équipe nationale gagnera. J'ai vraiment hâte d'y être", avait déclaré Valdimir Poutine au moment de l'attribution du Mondial.
Avec AFP