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Washington redemande à la Chine de cesser de livrer du pétrole à Pyongyang

Après un nouveau tir de missile par Pyongyang mercredi, Washington a à nouveau appelé la Chine à cesser ses livraisons de pétrole à la Corée du Nord pour intensifier la pression sur le pays. Un embargo auquel se refuse Pékin.

Sanctionner d'abord, négocier ensuite : c'est la ligne diplomatique que les États-unis souhaiteraient voir menée par leurs partenaires avec la Corée du nord. Et Washington ne se lasse pas de faire passer le message. Le 30 novembre, au lendemain d’un nouveau tir de missile nord-coréen, le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, a ainsi réitéré l’appel à la Chine à cesser ses livraisons de pétrole à Pyongyang, arguant qu’il s’agit de la meilleure arme pour encourager des négociations sur le programme nucléaire nord-coréen.

"Les Chinois font déjà beaucoup, mais nous pensons aussi qu’ils peuvent faire plus avec le pétrole. Nous leur demandons vraiment de couper davantage les livraisons de pétrole", a-t-il dit en recevant son homologue allemand, Sigmar Gabriel, à Washington. "C’était l’arme la plus efficace la dernière fois que les Nord-Coréens sont venus à la table des négociations", a-t-il ajouté.

Mercredi, c’était l’ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Nikki Haley, qui évoquait la fin de la fourniture de pétrole par la Chine lors d’une réunion du Conseil de sécurité convoquée en urgence. Un embargo "serait une étape décisive dans les efforts mondiaux pour stopper cet État paria", a insisté Nikki Haley, notant par ailleurs que Pyongyang continue "d'obtenir des produits dérivés du pétrole grâce à des transferts de navire à navire en mer".

Pékin veut "éviter le chaos"

De fait, la Chine reste le principal soutien économique de la Corée du Nord et son quasi-unique fournisseur de pétrole. Mais elle reste réticente à tout embargo pétrolier intégral contre son turbulent voisin. Selon des experts interrogés par l’AFP, plusieurs facteurs expliquent cette prudence. "La Chine est notamment horrifiée à l'idée d'un effondrement de son voisin, qui pourrait déboucher sur un afflux de réfugiés ou une intervention militaire américaine à sa frontière.

Il est impossible, pour les Chinois de fermer les vannes, ils le disent clairement", explique Daniel Russel, chercheur à l'Asia Society Policy Institute. La Chine "ne peut se résoudre à (l'embargo) car il n'est pas sûr qu'elle serait capable d'affronter les conséquences et la réaction en chaîne causée par une rupture des liens avec la Corée du Nord", poursuit-il. Selon lui, "la priorité de Xi Jinping est d'éviter le chaos, pas d'empêcher (Pyongyang) d'avoir des missiles nucléaires intercontinentaux".

Autre considération pouvant expliquer la prudence de Pékin : si le flux de pétrole devait être stoppé, "l'oléoduc sino-nord-coréen" - une infrastructure datant de 1975 - s'encrasserait et pourrait difficilement être redémarré, explique à son tour Wang Peng, expert de l'université Fudan à Shanghai.

Avec AFP