Abdelhakim Dekhar est jugé à partir de vendredi devant la cour d'assises de Paris pour plusieurs tentatives d'assassinats en novembre 2013. Il avait notamment ouvert le feu dans les locaux de Libération, blessant un assistant photographe.
C’était en novembre 2013 à Paris. Armé d'un fusil à pompe, Abdelhakim Dekhar pénétrait dans le hall de la chaîne BFMTV pour menacer un rédacteur en chef. Trois jours plus tard, il faisait irruption dans le hall du journal Libération, cette fois-ci pour ouvrir le feu, blessant grièvement au thorax un assistant photographe. Quelques instants après, il se rendait dans le quartier d'affaires de la Défense pour tirer des coups de feu en direction de la Société générale. Cinq minutes plus tard, il prenait brièvement en otage un automobiliste.
Un an et demi après les attaques du jihadiste Mohamed Merah à Toulouse et Montauban, Abdelhakim Dekhar avait créé un climat d'angoisse dans la capitale française. La traque du "tireur de Paris" comme les médias l'avaient appelé avant son identification, avait duré cinq jours. Ce vendredi 17 novembre, il est jugé à la cour d'assises de Paris pour récidives de tentative d'assassinat et pour enlèvement et séquestration. L'accusé, aujourd'hui âgé de 52 ans, encourt la réclusion à perpétuité.
Avec cette affaire, les services de police et de justice avaient redécouvert une vieille connaissance des années 1990. Abdelhakim Dekhar avait été condamné en 1998 dans un dossier criminel majeur de l'époque lié aux milieux de l'ultra-gauche. Il était soupçonné d'être "le troisième homme" de l'équipée de Florence Rey et Audry Maupin en 1994. Trois policiers, un chauffeur de taxi et Maupin avaient été tués durant ce périple meurtrier.
Abdelhakim Dekhar avait été condamné à 4 ans de prison pour "association de malfaiteurs". Sa peine correspondant au temps passé en détention provisoire, il avait été libéré juste après le procès, en octobre 1998.
"Complot fasciste"
Qu’est-ce qui l'a poussé à agir seul 15 ans après sa première condamnation ? Dans une lettre non-datée laissée derrière lui et évoquée en 2013 par le procureur de Paris François Molins, il développe la théorie d'un "complot fasciste", s'en prend au "capitalisme" et aux journalistes "payés pour faire avaler des mensonges". Dans d'autres messages, il se fait le porte-parole des opprimés.
Sa défense tentera de convaincre la cour que l'accusé n'avait pas l'intention de tuer. Mais, selon l’accusation, s'il a manqué sa cible, c'est seulement du fait de "sa maladresse dans la manipulation de l'arme". Sur le banc des parties civiles : Libération, la Société générale, le rédacteur en chef de BFMTV visé par l'arme, l'assistant photographe blessé.
L'homme qui l'a hébergé sera aussi jugé pour "destruction d'objet concernant un crime". Le procès doit se terminer le 24 novembre.
Avec AFP