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La présidente du Parlement catalan, Carme Forcadell, écrouée depuis jeudi soir pour "rébellion" après la déclaration d'indépendance de son assemblée, a été remise en liberté, vendredi, suite au versement d'une caution de 150 000 euros.

Carme Forcadell est sortie de prison. La présidente du Parlement régional de Catalogne a été remise en liberté, vendredi 10 novembre, après le règlement de sa caution. Elle avait été placée en détention provisoire jeudi soir pour "rébellion" et "sédition" suite au vote par son assemblée d'une déclaration d'indépendance de la Catalogne. Par ailleurs, la présidente du parlement catalan et le président catalan destitué Carles Puigdemont ont déposé une requête contre Madrid auprès de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), a-t-on appris vendredi auprès de la juridiction européenne.

"Elle est sortie", a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère au sujet de Carme Forcadell. Elle a versé une caution de 150 000 euros pour pouvoir sortir de la prison proche de Madrid où elle a dû passer la nuit.

Carme Forcadell et cinq autres élus avaient été entendus par la justice dans la journée de jeudi. L'un a été laissé libre, le seul non indépendantiste, tandis que les quatre autres disposent d'une semaine pour réunir 25 000 euros et éviter la prison. Tous doivent remettre leur passeport et ne peuvent pas quitter l'Espagne.

La Cour européenne des droits de l'homme saisie

Les Catalans ont cependant contre-attaqué et saisi la Cour européenne des droits de l"homme. "La Cour confirme que quatre requêtes catalanes ont été déposées", a déclaré un porte-parole de la CEDH à l'AFP.

Dans cette affaire, "Forcadell i Lluiss et autres contre Espagne", "Carme Forcadell et 76 autres requérants [dont Carles Puigdemont], en l'occurrence des députés du parlement de Catalogne, se plaignent de l'interdiction qui leur avait été faite d'une date de réunion en plénière par la cour constitutionnelle espagnole, qui portait sur la déclaration d'indépendance", a indiqué le porte-parole de la CEDH. Les trois autres requêtes ont été déposées par des citoyens espagnols.

Conformément à la procédure, ces requêtes et l'exposé des faits concernés "ne sont pas communiqués" publiquement pour le moment. Les quatre affaires doivent, dans un premier temps, être communiquées à Madrid, et la CEDH dira ensuite si ces requêtes sont ou non recevables.

Soutien de manifestants

Carme Forcadell a assuré devant le juge qu'elle n'avait pas, en tant que présidente du Parlement, "la liberté d'interdire un vote", selon un porte-parole de l'élue. Elle a aussi expliqué que la déclaration d'indépendance était sans effets juridiques, selon des sources ayant assisté à l'interrogatoire. C'est elle qui avait compté, un à un, les bulletins des élus ayant voté le 27 octobre pour la sécession, 70 sur 135, un fait sans précédent qui a ébranlé l'Espagne et inquiété l'Europe.

Carme Forcadell avait été accueillie à son arrivée au tribunal jeudi par les cris de manifestants pour et contre l'indépendance. "Vous n'êtes pas seuls !", disaient les uns aux élus indépendantistes, "Puigdemont en prison", hurlaient les autres.

Huit membres du gouvernement séparatiste destitué de l'indépendantiste Carles Puigdemont, qui a lui quitté l'Espagne pour la Belgique avec quatre autres "ministres", sont visés désormais par un mandat d'arrêt de la justice espagnole.

Début octobre, la justice avait aussi ordonné le placement en détention des dirigeants des deux plus puissantes associations indépendantistes de Catalogne (Omnium et l'ANC), Jordi Cuixart et Jordi Sanchez. Depuis, leur incarcération a suscité de nombreuses manifestations en Catalogne, leurs partisans les qualifiant de "prisonniers politiques".

Avec AFP