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"Nike: juste évade-toi (fiscalement)"

Au menu de cette revue de presse française, mardi 7 novembre, les révélations du Monde sur les pratiques fiscales de Nike en Europe. Le problème démocratique posé par l’évasion fiscale. L’alerte lancée par des ouvriers travaillant pour un ancien sous-traitant de Zara en Turquie. La responsabilité de l’Etat face aux scandales sanitaires. Et les six mois d’Emmanuel Macron à l’Elysée.

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Au menu de cette revue de presse française, la suite des révélations des «Paradise Papers». D’après le Monde, l’entreprise Nike ne payerait que 2% d’impôts en Europe, contre 25 % en moyenne pour les entreprises européennes.

L’équipementier sportif américain profiterait d’un «trou» dans la législation des Pays-Bas, où sont transférés tous les revenus générés par ses ventes en Europe, une opération qui lui permettrait d’échapper à plusieurs milliards de dollars d’impôts, selon le journal, qui précise néanmoins que l’idylle néerlandaise de Nike, dont le chiffre d’affaires mondial est de 31 milliards de dollars, «pourrait toutefois s’arrêter rapidement, car Amsterdam a été contraint par ses voisins européens de combler d’ici à 2020 la faille fiscale dans laquelle se sont engouffrés Nike et de nombreuses multinationales américaines», adeptes de l’évasion fiscale.

Cette pratique soustrait chaque année aux Etats environ 350 milliards d’euros, dont 120 pour l’Union européenne et 20 pour la France, selon l’économiste Gabriel Zucman, cité par le Monde, qui voit dans le phénomène un véritable «danger» pour les démocraties. «Nos sociétés ne reposent pas seulement sur la loi. Elles tiennent aussi grâce à un ciment friable: la confiance. Celle-ci ne peut résister au constat que la grande fortune ou les bénéfices immenses octroient un avantage supplémentaire à ceux qui en jouissent: la possibilité de s’exonérer de l’intérêt général et des devoirs communs». Une critique partagée par l’Humanité. D’après le journal, l’enquête du consortium international de journalistes est on ne peut plus «claire» et met au jour des pratiques certes légales mais «révoltantes», (qui) «donnent la nausée», la «cupidité cynique» de privilégiés accusés de «planquer les magots», de «tricher», de «manipuler», de «mentir», et de «mépriser les lois qu’ils instrumentalisent». «Les sommes annoncées sont énormes. Elles sont sans doute en deçà de la réalité».

En Turquie, des ouvriers du textile travaillant notamment pour Zara, ont alerté eux-mêmes les clients sur leurs conditions de travail . «J’ai fabriqué l’article que vous vous apprêtez à acheter, mais je n’ai pas été payé pour», ont alerté plusieurs étiquettes, retrouvées le 1er novembre dernier dans des vêtements de la marque espagnole, vendus dans l’un de ses magasins d’Istanbul. Un signal de détresse signé des «ouvriers de l’usine de textile (turque) Bravo» d’Istanbul, qui travaillait pour le groupe Inditex (Zara, Massimo Dutti, Bershka), mais aussi pour Mango et Next. D’après Libération, ces ouvriers, qui avaient déjà lancé une pétition en ligne en septembre, assurent que leur entreprise, qui a mis la clé sous la porte du jour au lendemain il y a un an, leur doit trois mois de salaire, et ils estiment que Zara, qui a signé un accord garantissant les conditions de travail des employés de ses sous-traitants, les a laissés tomber. En Turquie, rappelle Libé, le textile emploie 2 millions de personnes, parmi lesquelles on trouve beaucoup de réfugiés syriens. Une enquête de la BBC diffusée en 2016 révélait d’ailleurs que nombre d’entre eux, dont des mineurs, avaient été embauchés sans permis de travail, et pour des salaires bien inférieurs au minimum légal.

Libération dénonce aussi ce matin les scandales de santé publique, qui causeraient la mort de dizaines de milliers de personnes chaque année en France. Amiante, pesticide, pollution de l’air: Libé s’indigne de voir les victimes et les associations «accumuler les revers judiciaires», et pointe du doigt «l’inaction des gouvernements successifs». «L’Etat toxique», accuse le journal, qui se demande «combien de morts et de malades il faudra pour que l’Etat français assume enfin ses responsabilités» en la matière. «Les responsables industriels et politiques ne sont jamais condamnés», regrette Libération, qui reconnaît que «les liens de cause à effet sont souvent durs à prouver», et que les processus d’empoisonnement et de contamination sont «difficiles à dater», car ces sont des «processus lents», mais rappelle que «les enquêtes sanitaires sont sans équivoque», et que «même la Commission européenne s’est émue de l’inaction de l’Etat français», en engageant une action en justice contre Paris pour violation de la directive de 2008 sur la pollution de l’air.

Un mot, pour terminer, des six mois d’Emmanuel Macron à l’Elysée. Travail, fiscalité, sécurité: les chantiers se sont enchaînés depuis son élection en mai dernier, selon les Echos qui évoquent «six mois au pas de charge», et des réformes menées «tambour battant». Alors que le chef de l’Etat assurait durant la campagne être «et de droite, et de gauche», l’ancien candidat est surtout critiqué à gauche. «Au fond, à droite?», s’interroge 20 minutes, tandis que l’Opinion, qui parle d’un président «de droite et de droite», se demande «où est passée la gauche pro-Macron?». «Légère hypertrophie du côté droit, mais ce n’est pas bien méchant», diagnostique le médecin d’Emmanuel Macron alias Popeye, dans le dessin de Kak.

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