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Les insurgés islamistes intensifient leurs attaques dans le Nord

Au moins 150 personnes ont été tuées depuis dimanche dans le nord du Nigeria, théâtre de violents combats qui opposent les forces de l'ordre aux membres d'un groupuscule islamiste radical se revendiquant des Taliban d'Afghanistan.

Les affrontements meurtriers entre les forces de l'ordre et la secte islamiste radicale qui se fait appeler Boko Haram (littéralement "Education interdite") se poursuivent mardi dans le nord du Nigeria.

Pour résorber la violence qui se propage comme une trainée de poudre, la police n’a pas hésité à intervenir brutalement et à imposer un couvre-feu dans les États septentrionaux de Bauchi, de Yobe, de Kano et de Borno.

A Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno, l'incendie d'un commissariat et d'une prison lundi ont fait une centaine de morts. A Gamboru-Ngala, une ville du même Etat, les membres de la secte Boko Haram auraient même "brûlé vif un officier des douanes et égorgé un ingénieur local", affirme un habitant contacté par l'AFP. A Bauchi, le calme était apparemment revenu lundi au terme d'une journée de violence au cours de laquelle 55 personnes auraient trouvé la mort.

Les premiers combats ont éclaté dimanche matin après que la police a déjoué une attaque des islamistes radicaux contre l'un de ses postes. Les assaillants, qui se revendiquent des Taliban afghans, "souhaitaient vraisemblablement se procurer des armes et des munitions pour mener le djihad contre les institutions inspirées du monde occidental de cet Etat", explique Ali Kabre, correspondant de Radio France internationale (RFI) à Lagos, capitale économique du Nigeria.

A Maiguri, « les militants sont maintenant réunis dans leur mosquée et protègent la maison de leur chef, Mohammed Yusuf, contre d'éventuelles attaques », a indiqué Aminou Abubakar, correspondant RFI, interrogé par FRANCE 24 depuis Yobe, dans le nord du pays.

Objectif : étendre la charia à l’ensemble du pays

Le Nigeria, grand pays pétrolier du golfe de Guinée, est soumis à de fortes tensions entre musulmans, majoritaires dans les 12 Etats du Nord, et chrétiens du sud du pays.

Officiellement interdite, la secte de Boko Haram est essentiellement composée d'étudiants ayant abandonné leurs études et caresse le rêve d’imposer la charia à l’ensemble du pays.

La secte, également surnommée Taliban, fait régulièrement parler d’elle depuis 2004. Mais jamais les violences n’avaient fait autant de morts que celles qui ont débuté dimanche. "C’est la première fois que le groupe s’en prend de façon aussi directe aux forces de sécurité", ajoute Ali Kabre.


Selon Aminou Abubakar, les insurgés, qui remettent en cause le modèle occidental, veulent suivre l’exemple des Taliban afghans. Mais, pour l’heure, “aucun lien entre les deux organisations n’a pu être fait", précise le journaliste.

"Ces hommes veulent détruire toutes les institutions en charge de la sécurité dans le pays puis renverser le gouvernement, explique Aminou Abubakar. Pour eux, les musulmans pro-gouvernementaux sont tous des hérétiques et méritent d’être tués.”

Selon Elizabeth Donnelly, directrice du Programme Afrique à l'institut londonien Chatham House, on ignore depuis combien de temps le groupe Boko Haram opère. Les affrontements seraient en grande partie un moyen de tester sa propre force, dit-elle.

"Bien qu'ils aient un leadership bien identifié et actif, il n'est pas évident qu'ils aient une base organisée", dit Donnelly. "Les attaques sont certainement des réactions spontanées de la part de jeunes gens très pauvres."
 

Les autorités nationales, qui craignent de voir émerger des mouvements similaires, ont ordonné, lundi soir, aux agences nationales de sécurité de se mettre "en alerte totale" et "de prendre toutes les mesures nécessaires pour contenir et repousser les attaques".

Tags: Islamisme, Nigeria,