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Critiques de l'opposition, déception des observateurs européens

Alors que le président sortant, Kourmanbek Bakiev, a été réélu haut la main, les 300 observateurs de l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe qui ont assisté au scrutin parlent d'un vote entaché "d'irrégularités".

AFP - L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a sévèrement critiqué vendredi l'élection présidentielle au Kirghizstan, qui a vu le président sortant Kourmanbek Bakiev réélu avec près de 90% des voix, confortant ainsi la situation de l'opposition.

"L'élection présidentielle kirghize ne respecte pas des normes-clés pour l'OSCE, malgré des éléments positifs", a indiqué l'organisation dans son rapport publié au lendemain du scrutin.

Selon des résultats partiels (environ deux tiers des voix), le président Kourmanbek Bakiev est réélu avec 86,3% des suffrages. Cette victoire était largement attendue. La participation a été très élevée, avec 78,92% des électeurs inscrits.

Près de 300 observateurs de l'OSCE avaient été déployés pour l'occasion dans ce petit pays pauvre, montagneux et instable d'Asie centrale.

"Le jour de l'élection a été entaché de nombreux problèmes et irrégularités, parmi lesquelles des bourrages d'urnes, des imprécisions dans les listes d'électeurs et des votes multiples", a déploré l'OSCE.

"Le processus s'est encore détérioré pendant le décompte du vote et le classement des résultats, les observateurs jugeant négativement cette partie du processus dans plus de la moitié des cas observés", a-t-elle encore relevé.

Les critiques de l'OSCE apportent de l'eau au moulin de l'opposition, qui a déjà dénoncé des fraudes "massives" et un vote "illégitime".

Le directeur de campagne du principal candidat de l'opposition Almazbek Atambaïev, Bakyt Bechimov, a ironisé sur l'ampleur de la victoire du président: "90%, c'est fantastique: c'est un indicateur absolument transparent qu'il s'agit d'une fraude au niveau de l'Etat", a-t-il dit à l'AFP.

Les autorités ont rejeté ces accusations: "Ces élections présidentielles se sont déroulées en bon ordre. Elles ont eu lieu dans une atmosphère de calme et de cordialité de la part de chaque candidat", a affirmé un porte-parole de la commission électorale, Damir Lissovski.

"Procéder à un nouveau vote, comme l'exige l'opposition, n'est pas possible", a-t-il ajouté.

L'OSCE a relevé de son côté que les électeurs avaient eu le choix entre plusieurs candidats et que la société civile avait joué un "rôle important" dans le processus électoral.

Malgré cela, le président sortant a bénéficié d'un "avantage indû" sur ses adversaires en abusant des ressources liées à sa fonction et de biais en sa faveur dans les médias, selon elle.

Porté au pouvoir en 2005 par des manifestations à l'issue d'élections entachées de fraudes, le président kirghiz Bakiev, accusé d'avoir renoué depuis avec les vieux démons du passé, notamment une corruption endémique, était omniprésent dans la campagne électorale.

Les chefs de l'opposition l'ont accusé d'user de la violence et d'intimider ses opposants politiques ainsi que les rares médias indépendants du pays.

M. Bakiev est aussi un allié pour les Etats-Unis, le Kirghizstan ayant décidé fin juin de maintenir sur son territoire une base militaire américaine vitale pour les opérations de la coalition internationale en Afghanistan, après avoir menacé de la fermer.

L'opposition a indiqué qu'elle se préparait à des actions dans les jours à venir.

"Les opposants ont l'intention d'ici 2-3 jours de collecter des copies des protocoles (électoraux), de les étudier et ensuite de commencer une action", a expliqué le candidat d'opposition Almazbek Atambaïev, lors d'un meeting jeudi soir.

"Sans manifestation, il pourrait être impossible de résoudre cette situation", avait déclaré M. Atambaïev jeudi soir à l'AFP.

La manifestation initialement programmée jeudi soir n'a pas eu lieu et la nuit a été calme dans la capitale Bichkek.