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Les parlementaires californiens, dont l'État est endetté de plus de 26 milliards de dollars, devraient voter un budget lui permettant d'éviter la banqueroute... au prix de coupes claires dans les services publics et les programmes sociaux.

AFP - Après des mois d'âpres négociations, le budget de la Californie devait être voté jeudi par les parlementaires locaux, éloignant le spectre de la banqueroute, au prix de coupes claires dans les services publics et programmes sociaux de l'Etat le plus riche des Etats-Unis.

Les dernières menaces qui pesaient sur l'adoption du budget ont été levées mercredi, avec le recul de démocrates -- majoritaires au Congrès californien -- sur leur projet de réduire la population carcérale de 27.000 prisonniers pour économiser 1,2 milliard de dollars (840 millions d'euros).

Les républicains, minoritaires mais suffisamment nombreux pour bloquer le vote, ont tiré à boulets rouges sur le projet, menaçant d'opposer leur veto en cas de maintien de la proposition démocrate.

"Au long des négociations, nous avons insisté sur le fait que les votes républicains n'iraient jamais à un projet de budget comprenant la libération anticipée de prisonniers", a précisé dans un communiqué le chef de file des républicains californiens, Sam Blakeslee.

Le concept de "libération anticipée" de prisonniers est inexact, ont fait valoir les démocrates, soulignant que la réduction des effectifs carcéraux serait atteinte en partie en requalifiant certains délits mineurs, afin qu'ils ne soient plus passibles de la prison.

D'autres mesures, révélées mardi par le Los Angeles Times, prévoyaient la possibilité pour certains détenus d'achever leur peine à domicile, et des réductions de peines pour ceux qui suivent des programmes de réinsertion.

Ne voulant pas endosser la responsabilité d'un éventuel rejet du budget, les démocrates ont fait marche arrière en sortant le volant carcéral du projet et en reportant le débat sur les prisons en août.

Si le budget avait donc toutes les chances d'être voté, il n'en restait pas moins sévèrement critiqué, notamment par les fonctionnaires de l'Etat et les travailleurs sociaux.

Car pour parvenir à combler un déficit de plus de 26 milliard de dollars, le gouverneur Arnold Schwarzenegger et les parlementaires ont dû prévoir des coupes claires dans les services publics, la santé ou les programmes sociaux.

Selon les médias locaux, le projet prévoit de tailler dans les dépenses à hauteur de 15 milliards de dollars.

L'éducation devrait être la plus touchée, avec une baisse des crédits de neuf milliards de dollars.

La santé, notamment celle des plus pauvres, n'est pas épargnée. La couverture maladie publique, destinée aux personnes à faibles revenus, serait ainsi amputée de 1,3 milliard de dollars, et un programme qui permettait à 900.000 enfants de foyers pauvres de bénéficier d'une assurance santé verrait son budget abaissé de 124 millions de dollars.

"Le projet de budget que nous allons présenter au vote contient des solutions douloureuses pour tous les Californiens", a déclaré mardi Karen Bass, la présidente du congrès californien, sur son site internet.

"Pour les démocrates, je dois vous dire que beaucoup des coupes que nous avons dû faire nous auraient paru, en d'autres temps, impensables", a-t-elle ajouté. "Mais à cause de la crise en cours, sans précédent, nous n'avions pas le choix", a-t-elle déploré.

Avant même l'accord sur le budget, M. Schwarzenegger avait dû prendre des mesures d'urgence pour contenir le déficit, parmi lesquelles le repos forcé et non payé de certains fonctionnaires, trois vendredi par mois.

Début juillet, la Californie, huitième économie mondiale si elle était indépendante, a dû commencer à payer certains de ses fournisseurs avec des reconnaissances de dettes, remboursables en octobre.