Au menu de cette revue de presse française du jeudi 31 août : un très long entretien avec Emmanuel Macron, la présentation des ordonnances sur la réforme du Code du travail, le témoigne-choc d’un ancien proviseur des quartiers nord de Marseille et le message d’espoir de lycéens de Bosnie.
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À la une de la presse française, ce matin, l’interview-fleuve accordée par Emmanuel Macron au Point, dans laquelle il déclare refuser d’être jugé sur ses cent premiers jours à l’Élysée, mais dit reconnaître «l’impatience du peuple».
Rompant avec ses vœux d’abstinence médiatique, le président jupitérien, en chute libre dans les sondages, descend de l’Olympe pour exposer la «complexité» de sa pensée, et dénoncer «les forces du monde ancien, toujours là et bien présentes», «toujours bien engagées pour faire échouer la France».
Emmanuel Macron soutient mordicus ses projets de réforme, en particulier la réforme du Code du travail, dont le contenu sera présenté aujourd’hui : cette réforme, dit-il, est «une réforme de transformation profonde», qui s’inscrit dans un projet plus global de «libération des énergies». Commentaire du Huffington Post: «Macron cède sur la com’, pas sur le fond». «Il se justifie sur tout, et ne lâche rien», écrit le site, qui relève aussi la façon dont le président règle au passage ses comptes, notamment avec François Hollande, et tente de «renouer avec le lyrisme» de sa campagne, déclarant croire «en la reconstruction d'un héroïsme politique, d'une vraie ambition, pour atteindre ce qui est décrit comme impossible». «Les sondages sont au plus bas. Ajoutez donc une couche de maquillage», lui fait dire Willem, dans Libération. «Il y aura un petit supplément», prévient l’artiste - allusion à la note de maquillage assez salée du chef de l’État.
Les ordonnances réformant le Code du travail sont donc présentées ce matin-même aux syndicats. Fin du suspense : «Le jour J», titre le Parisien, en évoquant «un texte déterminant» pour la suite du quinquennat, tandis que Les Échos annoncent un «moment de vérité» pour le gouvernement. Ce dernier devrait tirer parti des divisions de ses opposants, «incapables de présenter un front uni», selon le journal, qui rapporte que la CGT a appelé à manifester le 12 septembre, mais qu’elle sera seule, FO ayant salué la «vraie concertation» du gouvernement, avant de se prononcer sur le fond.
La France Insoumise appelle quant à elle à une grande mobilisation le 23 septembre. Libération s’étonne de ce «paradoxe syndicalo-politique » : «Alors que, de l’avis général, la réforme en cours va nettement plus loin que la loi travail du printemps, le front qui se constitue contre Muriel Pénicaud est nettement plus étroit que celui qui avait combattu Myriam El Khomri». Le résultat de «l’habileté» et de «l’entregent hors norme» de l’actuelle ministre du Travail, selon Libération, qui revient sur le parcours de la «première DRH de France», une «ancienne du cabinet Aubry, figure du monde de l’entreprise et des conseils d’administration du CAC 40, empêtrée, aujourd’hui, dans l’affaire Business France».
Face à cette dernière, mais aussi Emmanuel Macron et tout le gouvernement, Jean-Luc Mélenchon veut apparaître comme le principal opposant. «Mélenchon : la révolution, c’est moi!», ironise L’Opinion, où le dessin de Kak le montre sous les traits de Robespierre. «Tu sais que tu fais peur?», lui lance son porte-parole. «Note les noms», répond le patron de la France Insoumise, qui «braconnerait» sur les terres sociales de la CGT, au grand mécontentement de son patron, Philippe Martinez. Si le député des Bouches-du-Rhône apparaît effectivement jusqu’ici comme «l’adversaire le plus sérieux d’Emmanuel Macron», «les deux hommes y trouvent (aussi) leur intérêt», d’après Le Monde, qui explique que le président pourrait «trouver un avantage à voir Jean-Luc Mélenchon occuper tout l’espace de l’opposition» - dans la mesure où le chef de l’État, «partisan du «ni de droite ni de gauche»», et qui aurait «déjà en tête sa réélection en 2022», « doit empêcher la renaissance d’ici là d’une alternative sociale-démocrate à sa politique». «Entre lui et les extrêmes, il ne doit y avoir personne», résume Le Monde, qui rappelle que «c’est déjà ce qui lui avait réussi lors de la campagne présidentielle, mais avec le Front national à l’époque».
Au menu, également, le récit d’un ancien principal de collège des quartiers nord de Marseille. Son témoignage fait la une du Figaro, qui l’a longuement interrogé. Auteur de «Principal de collège, ou imam de la République?», paru la semaine dernière, Bernard Ravet y raconte l’emprise que l’islam exerce sur les adolescents, et appelle à en finir avec «la loi du silence», qui règnerait selon lui au sein de l’Éducation nationale. Libéré de son devoir de réserve, il dit avoir travaillé dans des collèges «où 90% des élèves sont musulmans, où de plus en plus de filles arrivent voilées, et où des élèves contestent la théorie de l’évolution».
Également interrogé par Le Figaro, le recteur de Marseille répond que l’Éducation nationale «ne met pas la poussière sous le tapis», et que les faits que raconte Bernard Ravet «ont existé, mais appartiennent à un passé assez lointain», même s’il reconnaît que les jeunes des quartiers nord de Marseille «vivent en huis clos», et que «les établissements hors contrat et les écoles clandestines se multiplient».
Un message d’espoir, pour terminer, venu de Bosnie. Libération raconte comment des élèves bosniaques et croates se sont battus contre le système scolaire ségrégationniste, pour continuer à étudier ensemble. Aux autorités locales qui leur expliquent qu’il est «impossible de mélanger des pommes avec des poires», la jeune Dzenita, rencontrée au café Europa, oppose cette réponse désarmante: «Ma génération n’a aucun rapport avec la guerre. C’est l’amour qui nous intéresse».
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