Le président américain, Barack Obama, a accueilli le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, à la Maison Blanche. Lors d'une conférence de presse commune, les deux hommes ont plaidé en faveur de la réconciliation en Irak.
AFP - Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki est arrivé mercredi à la Maison Blanche pour des entretiens avec le président américain Barack Obama qui devrait le pousser à faire plus pour réconcilier un pays encore instable afin qu'il ne sombre pas à nouveau.
C'est la première fois que M. Maliki, interlocuteur privilégié de l'ancien président George W. Bush, se rend à la Maison Blanche sous M. Obama.
L'autorité du Premier ministre s'est considérablement renforcée depuis qu'il a pris ses fonctions il y a trois ans en plein déchaînement interconfessionnel, alors que M. Bush était aux commandes. M. Maliki a lui aussi des attentes vis-à-vis des Américains.
Il compte sur le soutien américain pour obtenir de l'ONU qu'elle réduise les compensations versées par l'Irak au Koweït au titre des réparations pour l'invasion de l'émirat par les soldats de Saddam Hussein en 1990.
Il a plaidé sa cause au siège des Nations unies à New York auprès du secrétaire général Ban Ki-moon et des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.
"L'Irak n'est plus une menace pour la communauté internationale" et les sanctions ne sont donc "plus nécessaires", a-t-il dit après ces réunions.
A Washington, M. Maliki voudrait s'assurer le soutien des Etats-Unis à la reconstruction économique de son pays et à la normalisation de ses relations avec ses voisins.
De son côté, l'administration Obama dit vouloir développer des relations normalisées, économiques, culturelles, à long terme. Mais elle s'inquiète de voir que la sécurité reste fragile dans un pays au coeur d'une région pétrolière et stratégique.
Et Washington insiste sur la nécessité de la réconciliation entre des communautés irakiennes qui ne sont toujours pas parvenues à s'entendre sur la répartition des revenus du pétrole ou sur l'équilibre des pouvoirs entre le gouvernement central et les autorités provinciales.
Le récent accès de tensions entre Arabes et Kurdes et le conflit territorial sur la région pétrolière de Kirkouk ajoutent aux préoccupations.
Aussi la nouvelle relation entre une administration américaine soucieuse de tenir la promesse de M. Obama de mettre fin à la guerre de manière "responsable" et un gouvernement irakien jaloux de son indépendance a-t-elle suscité des tensions.
MM. Obama et Maliki, qui se sont déjà rencontrés à avril à Bagdad, auront "des discussions sur la nécessité de poursuivre le processus politique" afin d'éviter tout retour en arrière, dit un haut responsable de l'administration américaine sous couvert de l'anonymat.
M. Obama, un des rares Américains à s'être opposés dès la première heure à la guerre en Irak, et M. Maliki se rencontrent trois semaines après le retrait des soldats américains des villes irakiennes.
D'ici à fin 2011, il ne doit plus y avoir de soldats américains en Irak, en vertu de l'accord conclu en 2008 entre l'administration Bush et le gouvernement Maliki.
Mais, lors d'une visite en juillet, le vice-président Joe Biden a menacé d'un désengagement américain si la violence confessionnelle et ethnique reprenait.
M. Maliki a renvoyé les Américains sèchement dans leur coin.
A Washington, le Premier ministre se livre à un exercice délicat. Lui qui s'est employé à s'imposer comme une figure nationaliste au-dessus des communautés, et qui a présenté le retrait américain comme une victoire, ne peut paraître trop proche des Américains six mois avant les législatives.
Mais il devrait se prêter jeudi à une visite, à peine concevable récemment, au cimetière militaire d'Arlington, près de Washington, où reposent des Américains tués en Irak.