
Des agents électoraux comptabilisent les votes des candidats à la présidence dans un bureau de vote à Abidjan, Côte d'Ivoire, lors de la présidentielle du 31 octobre 2020. © Leo Correa, AP
La présidentielle en Côte d’Ivoire est un long parcours jalonné d’étapes pour les aspirants candidats qui espèrent accéder à la fonction suprême. Un processus qui a débuté fin octobre 2024 avec la révision de la liste électorale et prendra fin à l’issue du scrutin d’octobre 2025 avec la proclamation finale des résultats.
Octobre - novembre 2024 : grand recensement
Étape essentielle avant la présidentielle, en Côte d’Ivoire comme dans de très nombreux pays à travers le monde, un grand recensement est traditionnellement organisé pour actualiser les listes électorales. Il s’agit de répertorier les nouveaux électeurs (notamment les jeunes ayant atteint 18 ans, l’âge de voter), actualiser les données personnelles des votants et radier les électeurs décédés ainsi que ceux ayant perdu leurs droits civiques (du fait notamment d’une condamnation ou perte de nationalité).
Cette opération s’est déroulée du 19 octobre au 17 novembre 2024, dans plus de 12 000 centres d’enrôlement à travers le pays. En Côte d’Ivoire, le recensement électoral n’est pas obligatoire, il s’agit d’une démarche volontaire. En revanche, il est indispensable pour pouvoir voter à l’élection présidentielle, car seuls les inscrits pourront glisser le bulletin dans l’urne le jour J. Les aspirants candidats doivent eux aussi être inscrits sur la liste pour pouvoir se présenter.
L’actualisation de la liste électorale est indispensable pour garantir un scrutin crédible. Elle permet de limiter le risque de fraude, et donc de contestation, ainsi que d’adapter la logistique en fonction de la répartition géographique et du nombre d’électeurs.
Cette opération est obligatoire chaque année, mais pour 2025, la commission électorale a décidé de la tenir après l'élection présidentielle d'octobre, ce que fustige l'opposition.
4 juin 2025 : liste électorale définitive
À l'issue de ce recensement, la Commission électorale indépendante (CEI) a traité ces données et publié une liste électorale provisoire, en février 2025, afin que les électeurs puissent vérifier leur inscription et éventuellement faire des réclamations.
Le 4 juin, la CEI a publié une version définitive de 8,7 millions d’électeurs. Un chiffre certes en augmentation - 715 000 d'électeurs supplémentaires par rapport à la dernière révision en 2023 - mais qui reste relativement faible rapporté aux quelque 15 millions de citoyens en âge de voter.
La publication de cette liste a provoqué une polémique majeure dans le pays du fait de l’absence de quatre poids lourds de l’opposition : Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, Guillaume Soro et Tidjane Thiam. Une situation qui suscite des inquiétudes quant à l’équité du processus électoral.
Les trois premiers ont été écartés du scrutin par la CEI du fait d’une condamnation judiciaire. Le dernier a été radié par la justice, qui a estimé qu’il ne possédait pas la nationalité ivoirienne au moment de son inscription sur la liste électorale en décembre 2022 (il l’aurait perdue en acquérant la nationalité française en 1987). Les quatre opposants contestent quant à eux leur éviction, accusant le pouvoir d’instrumentaliser la justice.
1er juillet – 26 août : récolte des parrainages
Inscrits sur la liste électorale, plusieurs candidats d’opposition autorisés à se présenter - comme l’ancienne première dame Simone Gbagbo, l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan ou bien le candidat indépendant Jean-Louis Billon - ont annoncé leur participation à la présidentielle d’octobre. Encore faut-il qu’ils parviennent à obtenir le nombre de parrainages requis. Depuis 2020, les candidats sont tenus de récolter le soutien d’au moins 1 % des électeurs locaux dans au moins 50 % des régions ou districts autonomes du pays, (17 sur 33).
La CEI encadre cette collecte et fournit à tous les candidats des kits numériques et de registres papier pour recueillir les parrainages. Conçu comme un outil de présélection, censé écarter les candidatures les moins sérieuses, le parrainage citoyen fait également l’objet de critiques, notamment du fait que les électeurs ne peuvent soutenir qu’un seul candidat. Il est perçu par certains comme un frein à l’émergence de nouveaux profils, issus de la société civile, qui ne bénéficient pas de l’assise nationale des grands partis.
25 juillet – 26 août : dépôt des candidatures
Du 25 juillet au 26 août, les aspirants candidats doivent déposer leur dossier auprès de la CEI. Parmi les éléments requis : une déclaration personnelle de candidature signée, la liste des parrainages citoyens, un certificat de nationalité, une attestation fiscale ou bien encore un extrait de casier judiciaire vierge.
Les dossiers sont ensuite envoyés au Conseil constitutionnel, qui en examine la conformité avant de publier la liste définitive des candidats autorisés à concourir.
Mi-octobre : campagne électorale
Fixée par la CEI, la campagne électorale se déroule habituellement pendant les deux semaines qui précèdent le premier tour. Elle se termine 48 heures avant le jour J, puisqu’il y a traditionnellement en Côte d’Ivoire deux jours de silence électoral avant le vote.
Les dates d’ouverture et de clôture de la campagne sont fixées par décret en Conseil des ministres, sur proposition de la CEI.
Ce point culminant de la compétition doit permettre aux candidats de présenter leurs programmes et de mobiliser leurs électeurs tout en respectant les règles électorales : équité d’accès aux médias (régit par l’égalité du temps de parole), contrôle de la propagande, transparence financière et plafonnement des dépenses de campagne.
C’est également durant cette période que le matériel de vote est déployé dans les bureaux à travers le pays, généralement lors des derniers jours de campagne, afin d’éviter les risques de sabotage.

25 octobre : élection présidentielle
Samedi 25 octobre, les électeurs sont appelés à se rendre dans les bureaux de vote avec leur carte d’identité et celle d’électeur. Ce dernier reçoit un bulletin de vote unique sur lequel figurent tous les candidats, marque son choix dans l’isoloir, le plie et le place dans l’urne.
Le dépouillement commence immédiatement après la fermeture des bureaux de vote et les résultats officiels sont habituellement annoncés dans un délai de dix jours après le scrutin (la CEI a trois jours pour transmettre les résultats au Conseil constitutionnel, qui a une semaine pour valider et proclamer les résultats officiels).
La Constitution ivoirienne prévoit que l’élection du président de la République est acquise à la majorité absolue des suffrages exprimés. Si cette majorité n'est pas atteinte au premier tour, un second tour est organisé entre les deux candidats ayant obtenu le plus de suffrages.
Celui-ci devrait alors être organisé le dernier samedi du mois de novembre, soit environ un mois après le premier tour.
Ce cas de figure ne s’est présenté qu’une seule fois en Côte d’Ivoire, en 2010, pour départager Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Un vote qui avait déclenché une crise post-électorale majeure, débouchant sur plusieurs mois de violences et 3 000 morts, jusqu’à la prise de fonction effective d’Alassane Ouattara. Ce dernier, réélu dès le premier tour lors des deux présidentielles suivantes en 2015 et 2020, est à nouveau candidat en 2025.