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Serbie : les manifestations dégénèrent en heurts entre opposants et partisans d'Aleksandar Vuciv
Des manifestants ont dégradé jeudi soir les locaux du parti nationaliste du président Aleksandar Vuvic, au cours de nouveaux rassemblements organisés dans une trentaine de villes en Serbie. La veille, des affrontements entre opposants et partisans du parti au pouvoir avaient fait des dizaines de blessés. Les deux camps s'accusent mutuellement de vouloir provoquer une "guerre civile".
Heurts entre opposants et soutiens au gouvernement serbe, le 14 août 2025 à Belgrade. © Djordje Kojadinovic, Reuters

La crise politique et les manifestations qui secouent depuis des mois la Serbie ont dégénéré cette semaine en affrontements entre des manifestants et des partisans du parti au pouvoir du président Aleksandar Vucic (SNS), avec de nouvelles scènes de violences jeudi 14 août au soir.

Des manifestants ont dégradé jeudi soir les locaux du Parti progressiste serbe (SNS, nationalistes) à Novi Sad (nord), au cours de nouveaux rassemblements organisés dans une trentaine de villes, après des affrontements la veille qui ont fait des dizaines de blessés.

D'abord regroupés devant les locaux de l'agence du renseignement serbe (BIA), les manifestants se sont dirigés vers les locaux du SNS à proximité. Ils ont cassé sa devanture en verre, puis ont jeté des œufs et de la peinture sur la façade, selon les images diffusées en direct par la chaîne de télévision privée N1. La plupart des jeunes hommes qui ont participé à ces violences étaient encagoulés. Aucun sympathisant du SNS ne se trouvait pas dans les locaux du parti et la police n'est pas intervenue.

À Belgrade des manifestants se sont rassemblés devant les sièges du gouvernement et de l'état-major de l'armée, avant de se rapprocher des locaux du SNS à proximité. Mais ils ont été tenus à distance par un important cordon de la police antiémeutes. Les manifestants ont ensuite jeté des engins pyrotechniques contre des sympathisants du SNS regroupés devant les locaux du parti. La police a ensuite repoussé les manifestants, selon les images diffusées par la N1.

"Guerre civile"

Après les manifestations de mercredi soir, les deux camps se sont mutuellement accusés de vouloir provoquer une "guerre civile". "Je pense que l'objectif du pouvoir est d'intimider les citoyens. Ils veulent casser cette révolte et faire peur aux gens", a déclaré à la N1 un avocat belgradois Aleksandar Petrovic, qui a rejoint les manifestants devant le gouvernement.

Mercredi soir, plus de 70 citoyens, 27 policiers et sept membres d'une unité d'élite de l'armée ("Kobre") - chargée de protéger les plus hauts dirigeants politiques -, ont été blessés, la plupart d'entre eux lors de violences à Novi Sad, devant les locaux du SNS, a indiqué dans la journée le ministre de l'Intérieur, Ivica Dacic. La police a interpellé une cinquantaine de personnes, selon le ministre.

Les manifestations sont régulières dans ce pays des Balkans depuis l'effondrement en novembre 2024 d'un auvent en béton à la gare de Novi Sad. La tragédie, qui a fait 16 morts, a rapidement été imputée à la corruption par les manifestants.

Le président du pays Aleksandar Vucic, qui ne dirige pas officiellement le parti, a accusé les manifestants d'avoir attaqué mercredi soir les militants du SNS. Selon le ministre de l'Intérieur, la plupart des personnes blessées sont des partisans du SNS. "Nous avons évité un scenario catastrophique", a déclaré Aleksandar Vucic dans la nuit de mercredi à jeudi, en promettant de "sévères" punitions pour les manifestants violents. "Nous allons prévenir leur souhait de nous conduire vers une guerre civile", a-t-il ajouté.

Pour les étudiants, qui sont à la tête du mouvement de contestation, les rôles sont renversés. "Le pouvoir a essayé de provoquer la guerre civile la nuit dernière", ont-il écrit sur un de leurs comptes officiels sur Instagram. Ils ont accusé la police d'avoir "protégé" les supporteurs du SNS "qui ont jeté des pierres et tiré des engins pyrotechniques contre les manifestants".

Tir de sommation

Lors de la manifestation mercredi soir à Novi Sad, un membre de l'unité "Kobre" a procédé à un tir de sommation, provoquant la panique des manifestants. L'incident a fait du bruit dans les médias. Il a affirmé jeudi en conférence de presse que lui et ses collègues avaient été attaqués et "encerclés" par "un groupe de près de cent personnes" et qu'il avait jugé que leur vie était en danger.

Toutes les manifestations étudiantes étaient jusqu'à présent généralement pacifiques. Elles ont lieu à travers le pays et ont parfois rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes. Sous la pression, le gouvernement a été remanié, le Premier ministre remplacé, plusieurs anciens ministres ont été arrêtés et inculpés.

Depuis mai, les manifestants réclament les élections anticipées, ce que le président Vucic refuse, dénonçant un complot étranger visant à renverser le pouvoir en place.

Début août, un groupe d'experts mis en place par le Haut-Commissariat aux droits humains de l'ONU a appelé les autorités en Serbie à mettre fin à ce qu'ils ont décrit comme une "répression intensifiée" contre les militants.

Avec AFP