L'ex-Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra, qui risque 10 ans de prison, ne s'est pas présentée vendredi devant la justice pour l'énoncé du verdict. Un responsable de son parti affirme qu'elle a fui le pays.
Coup de théâtre en Thaïlande. L'ex-Première ministre Yingluck Shinawatra, qui risque une peine de dix ans de prison pour négligence, ne s'est pas présentée, vendredi 24 août, devant la Cour suprême pour l'énoncé du verdict. Alors qu’un mandat d'arrêt a été émis à son encontre, cette héritière d'une puissante famille a quitté le pays deux jours plus tot pour échapper à une peine de prison de dix ans, a déclaré à l’AFP un responsable de son parti, le Puea Thai, sous le couvert de l'anonymat.
Le retard de Yingluck à l'énoncé de son verdict vendredi matin avait peu à peu suscité l'étonnement parmi les milliers de manifestants et nombreux journalistes massés devant le tribunal de la Cour suprême.
"Son avocat dit qu'elle est malade et demande de repousser le verdict... Le tribunal ne croit pas qu'elle est malade... et a décidé d'émettre un mandat d'arrêt", a déclaré le juge Cheep Chulamon devant la presse venue en nombre assister à l’énoncé du verdict.
"Nous pensons que l'accusée se cache ou s'est enfuie"
"Nous pensons que l'accusée se cache ou s'est enfuie", a déclaré un magistrat de la Cour suprême dans un communiqué.
Yingluck Shinawatra a toujours dit qu'elle ne fuirait pas le pays comme l'a fait son frère Thaksin, ex-Premier ministre lui aussi, qui a pris la route de l'exil en 2008 après avoir été condamné à deux ans de prison pour corruption.
Tout au long des 18 mois de son procès, des centaines de manifestants se sont rassemblés devant le tribunal pour offrir au "crabe" ("boo su su", son surnom affectueux en thaï) des fleurs, mais vendredi l'ambiance était plus sombre.
Celle dont le gouvernement a été renversé par un coup d'État militaire en mai 2014 risque gros si elle est reconnue coupable de négligence dans la gestion d'un programme de subvention aux riziculteurs. Yingluck Shinawatra s'est vu reprocher le fait que son gouvernement achetait le riz aux riziculteurs, vivier électoral des Shinawatra, à un prix supérieur à celui du marché.
Procès "politique"
Début août, elle a dénoncé un procès "politique" mené par la junte, accusée de vouloir nettoyer la scène politique de l'influence des Shinawatra, qui remportent tous les scrutins nationaux depuis 2001, dans ce pays profondément divisé entre pro et anti-Shinawatra, Chemises rouges contre Chemises jaunes.
La plupart des analystes spéculaient ces derniers jours sur le fait que la justice, non indépendante en Thaïlande, ne prendrait pas le risque d'une peine de prison ferme, qui donnerait à Yingluck Shinawatra le statut de victime. Mais sa disparition surprise pourrait changer la donne.
Avec AFP