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Le metteur en scène russe Serebrennikov assigné à résidence

Inculpé dans une affaire de détournement de fonds publics, le metteur en scène russe Kirill Serebrennikov a été placé mercredi en résidence surveillée par la justice. L'artiste est connu pour ses positions en faveur des droits des homosexuels.

Une icône de la culture russe placée sous étroite surveillance. Un tribunal russe a ordonné mercredi 23 août le placement en résidence surveillée du metteur en scène russe Kirill Serebrennikov, connu pour ses positions en faveur de la cause homosexuelle et inculpé mardi pour détournement de fonds publics.

Le cinéaste et metteur en scène, dont l'arrestation a été dénoncée comme "politique" par certains de ses pairs et par les défenseurs des droits de l'homme, nie les accusations portées contre lui. Il risque jusqu'à dix ans de prison.

Mercredi, de nombreux soutiens ont afflué au tribunal Basmany. Pami eux, l’écrivaine Ludmila Oulitskaïa, le cinéaste Alexeï Outchitel, la réalisatrice russo-arménienne Anna Melikian, le directeur général du prestigieux Théâtre Bolchoï, Vladimir Ourine. Mais leur présence ne semble pas avoir ébranlé la juge russe qui a placé l’accusé sous surveillance.

Kirill Serebrennikov est accusé d'avoir détourné 68 millions de roubles (environ un million d'euros) pour la création d'une pièce de théâtre qui serait restée à l'état de projet, selon les enquêteurs, alors qu'une centaine de représentations de la pièce ont été données. L’intéressé a qualifie d’"improbables, absurdes et incroyables" les accusations dont il est l’objet. Je travaille honnêtement. Je n’ai pas l’intention de fuir. Depuis mai, j’étais en liberté et je n’ai pas créé d’obstacles à l’enquête", s’est défendu l’homme de théâtre.

Privé de communication

Le metteur en scène n'est pas un opposant déclaré du président Vladimir Poutine mais son œuvre l'a souvent mis en porte-à-faux avec les politiques soutenues par le Kremlin, en particulier en matière de droits des personnes LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres).

Le mois dernier, la représentation de sa dernière pièce consacrée à Rudolf Noureev a été annulée à la dernière minute par le théâtre du Bolchoï parce que Kirill Serebrennikov y évoquait l'homosexualité du célèbre danseur étoile russe.

Après son arrestation, mardi, le directeur du Centre Gogol, un théâtre moscovite d'avant-garde, a ironisé sur les réseaux sociaux sur le poids de l'Église orthodoxe dans la société et auprès du pouvoir russe.

Rejetant une demande de remise en liberté, le tribunal l'a placé en résidence surveillée jusqu'au 19 octobre et indiqué qu'il ne serait pas autorisé à utiliser son téléphone portable ni à communiquer avec qui que ce soit sans l'aval des enquêteurs pendant cette période.

Ses mises en scène audacieuses, comme d'autres spectacles ou expositions ces dernières années, ont été parfois dénoncées par des militants orthodoxes au nom des valeurs conservatrices prônées par le Kremlin et le conservateur ministre de la Culture, Vladimir Medinski.

Avec Reuters