Malgré les tensions avec Pyongyang, la Corée du Sud et les États-Unis ont lancé lundi des manœuvres militaires conjointes qui se veulent uniquement “défensives”, selon les armées des deux alliés.
La Corée du Nord a prévenu : toute manœuvre militaire entre son voisin du sud et les États-Unis ne feront qu’aggraver les tensions dans la région. Séoul et Washington ont pourtant annoncé, lundi 21 août, le début de deux semaines d’exercices conjoints.
Des dizaines de milliers de soldats doivent prendre part à ces manœuvres présentées comme purement “défensives” et qui consistent en grande partie à réaliser des simulations par ordinateur. "La Corée du Nord ne doit pas s'alarmer de nos efforts pour maintenir la paix ni s'engager dans des provocations qui aggravent les choses, en se servant [des manoeuvres] comme d'un prétexte", a déclaré lundi le président sud-coréen Moon Jae-in.
Un exercice annuel depuis plus de 40 ans
Baptisés "Ulchi Freedom Guardian" (UFG), ces exercices reviennent tous les ans, malgré les réticences de la Corée du Nord qui y voit la répétition provocante de l'invasion de son territoire et qui brandit la menace, encore cette année, de représailles militaires.
Les tensions entre la Corée du Nord et les États-Unis se sont ravivées en juillet lorsque Pyongyang a testé deux missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), des essais qui semblent mettre à sa portée une bonne partie du continent américain. En réaction, le président américain Donald Trump a menacé de déchaîner "le feu et la colère" sur le Nord.
Pyongyang a alors répliqué en promettant de tirer une salve de missiles à proximité du territoire américain de Guam, dans le Pacifique. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a mis ce projet sur pause mais prévenu que sa mise à exécution ne dépendait que du comportement de Washington.
Les UFG sont une tradition militaire datant 1976 et qui tiennent leur nom d'un général qui défendit un ancien royaume coréen face à l'envahisseur chinois. Quelque 50 000 soldats sud-coréens y participent, de même que 17 500 militaires américains, ce qui représente un recul par rapport aux 25 000 GI's déployés en 2016. De troupes venues d'Australie, du Canada, de Colombie, du Danemark, de Nouvelle-Zélande, des Pays-Bas et de Grande-Bretagne seront aussi présentes.
Les États-Unis "se trompent plus que jamais", dit Pyongyang
L'amiral Harry Harris, chef du commandement Pacifique de la marine américaine, est arrivé dimanche en Corée du Sud pour suivre les exercices et discuter de la menace représentée par les programmes balistique et nucléaire de la Corée du Nord.
La veille, Pyongyang avait accusé Washington de "jeter de l'huile sur le feu". Le journal du parti unique au pouvoir Rodong Sinmun a ainsi mis en garde contre la "phase incontrôlable de la guerre nucléaire". Les États-Unis "se trompent plus que jamais" s'ils pensent qu'une guerre "se passerait chez quelqu'un d'autre, loin de chez eux de l'autre côté du Pacifique".
Selon un rapport confidentiel de l'ONU cité lundi par l'agence de presse japonaise Kyodo, la Corée du Nord continue à contourner les sanctions des Nations unies en "utilisant délibérément des canaux indirects". Les exportations interdites ont généré 270 millions de dollars (230 millions d'euros) depuis février.
L'"application laxiste" des sanctions ainsi que les "techniques de contournement évolutives" de Pyongyang vont à l'encontre du but des Nations unies qui est d'amener la Corée du Nord à abandonner ses programmes nucléaire et de missile balistique, indique le rapport, toujours selon Kyodo.
Avec AFP et Reuters