Mardi, Emmanuel Macron s’est entretenu avec Erdogan au sujet de la détention du journaliste Loup Bureau, arrêté en juillet et suspecté de terrorisme en Turquie. Un signe encourageant pour l’entourage du reporter qui risque 30 ans de prison.
"Il était temps", lance Loïc Bureau, le père du journaliste français détenu en Turquie, soulagé, à France 24. "Après trois semaines d’attente, la présidence française a enfin pris le dossier en main, on entrevoit enfin le bout du tunnel, assure le parent du jeune journaliste pigiste, commentant l’ échange téléphonique entre Emmanuel Macron et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan , mardi 15 août.
Au cours de cet échange, le président de la République a "exprimé sa préoccupation sur la situation de Loup Bureau, étudiant en journalisme détenu en Turquie, et son souhait que notre compatriote puisse être de retour en France le plus vite possible", a indiqué l'Élysée dans un communiqué. "Sur ce dernier sujet, les deux dirigeants ont convenu de se reparler la semaine prochaine", ont précisé les services de l’État.
"Une camisole" intellectuelle
Au-delà de la démarche, les mots choisis par le chef de l’État ont ravivé l’espoir d’un retour prochain. "Évoquer sa ‘préoccupation’ est un mot fort. Les termes utilisés nous font vraiment penser qu’un retour prochain est possible", confesse le père de Loup Bureau , plein d’espoir.
Car la situation est urgente , à en croire l’entourage du Français. Si son comité de soutien ne dénonce pas de mauvais traitement à son endroit, ses membres déplorent la "camisole" intellectuelle qui pèse sur le détenu. "Il n’a aucun livre, aucun moyen d’écrire, rien qui pourrait lui offrir une quelconque échappatoire", regrette son père impuissant.
Pétition signée ? N'oubliez pas aussi de rejoindre le comité de soutien à @loupbureau : https://t.co/MAEw92wK3P #FreeLoupTurkey pic.twitter.com/I6UWDy3TBc
Justine Briot (@Bakpok) 7 août 2017Et le coup de téléphone qu’il a reçu de son fils n’a pas été pour le rassurer. "Contre toute attente, j’ai reçu, samedi, à 13h30 un appel de Loup. J'étais alors au volant de ma voiture, je me suis garé sur le bas-côté. J’ai entendu sa voix atone, son ton abattu, son appel m’a rendu encore plus inquiet", raconte encore Loïc Bureau.
"Je ne veux pas croire que l’État français"
Journaliste indépendant , Loup Bureau , 27 ans, a notamment collaboré avec les chaînes TV5 Monde et Arte, ainsi que le site Slate . Il a été interpellé fin juillet à la frontière entre l'Irak et la Turquie, après que des photos le montrant en compagnie de combattants kurdes syriens des YPG (un mouvement considéré comme une organisation "terroriste" par Ankara) ont été trouvées en sa possession. Le pigiste a été mis en examen , les autorités turques l e soupçonnant d’appartenir à "une organisation terroriste armée", malgré ses dénégations. Il risque 30 ans de prison.
En attendant que la Turquie statue sur son sort, ses proches sont rassurés de savoir que Receyp Tayyip Erdogan a demandé d’accéder à son dossier pour étudier sa situation. "C’est encourageant, conclue le père de Loup Bureau. Je ne veux pas croire que l’État français soit impuissant dans ce genre de situation. Si les autorités françaises ne parviennent pas à faire sortir un ressortissant français détenu pour des raisons arbitraires, c’est inquiétant pour la diplomatie et la politique française."