
Le processus de désarmement des Farc a officiellement pris fin mardi. Le président Juan Manuel Santos a déclaré à cette occasion le conflit avec la guérilla marxiste terminée. Le combat des guérilleros devrait désormais se poursuivre au Congrès.
L'adieu aux armes. Le conflit avec la guérilla des Farc est "vraiment" terminé, a proclamé mardi 16 août le président Juan Manuel Santos alors que la plus ancienne rébellion du continent américain a remis ses dernières armes. "Aujourd'hui, c'est le dernier souffle du conflit (...) Avec cet abandon des armes, le conflit se termine vraiment et une nouvelle phase débute dans la vie de notre Nation", a déclaré le chef de l'État et prix Nobel de la Paix 2016, le président Juan Manuel Santos, dans une allocution retransmise depuis la zone de Pondores (La Guajira, nord).
Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), guérilla marxiste fondée en 1964 à l'issue d'une insurrection paysanne, ont signé la paix en novembre et vont se transformer en parti politique lors de leur congrès national, prévu du 27 août au 1er septembre à Bogota.
"Processus exhaustif"
"Avec cet évènement, le processus de vérification du cessez-le-feu et du dépôt des armes se termine (...) et débute, également par les Nations unies, la vérification de la réincorporation des Farc à la vie politique, économique et sociale du pays", a souligné Ivan Marquez, l'un des chefs des Farc et ex-négociateur aux pourparlers de paix menés pendant quatre ans à Cuba. À ses côtés, le président a verrouillé le dernier conteneur qui a quitté, sous supervision de l'ONU, la zone de Pondores, l'une des 26 où les Farc sont regroupées depuis huit mois.
Près de 7 000 hommes, femmes et mineurs des Farc ont laissé leurs armes, qui seront fondues en trois monuments érigés à Bogota, au siège des Nations unies à New York et à La Havane.
Des armes à la lutte politique
Le Français Jean Arnault, chef de la mission d’observation du cessez-le-feu de l'ONU, a salué ce "processus exhaustif". Il a précisé qu'ont été récupérées, entre autres, 8 111 armes et près de 1,3 million de cartouches, et que "les Farc ont communiqué la localisation de 873 caches", contenant "795 armes, 22 tonnes d'explosifs divers, 3957 grenades et 1846 mines antipersonnel".
Du combat armé, les Farc passent désormais à la lutte politique, comme prévu par l'accord de paix visant à mettre fin à un conflit fratricide de plus d'un demi-siècle qui, au fil des décennies, a impliqué d'autres guérillas et des paramilitaires, faisant environ 7,5 millions de victimes, entre morts, disparus et déplacés.
Tout en devant rendre des comptes devant une justice spéciale, elles vont se transformer en un parti de gauche qui "s'appellera sûrement Force alternative révolutionnaire de Colombie", a avancé Ivan Marquez. L'accord garantit à l'ex-guérilla au moins dix sièges au Congrès bicaméral qui compte 268 parlementaires, pendant deux mandats, soit huit ans.
Cette étape cruciale pour la Colombie comporte toutefois des défis, qui vont de la sécurité physique des ex-rebelles au lent processus d'amnistie de centaines de Farc emprisonnés.
Avec AFP