Les autorités américaines et canadiennes ont annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête concernant une série d'incidents médicaux ayant touché des diplomates en poste à Cuba. Les États-Unis évoquent la piste d'une "attaque acoustique".
Le scénario est digne d'un James Bond. Le cadre : Cuba, nid d'espions et lieux de tous les fantasmes. L'intrigue : une série d'incidents médicaux subis par des diplomates américains et canadiens en poste à La Havane. Et comme les coïncidences n'existent pas dans les thrillers, Washington et Ottawa ont décidé d'ouvrir une enquête, jeudi 10 août, sur cette mystérieuse mulitplication de pertes d'audition et autres symptômes physiques.
Selon CNN, qui cite de hauts responsables américains sous couvert d'anonymat, Washington est sur la piste d'une possible "attaque acoustique" menée avec des appareils soniques sophistiqués, déployés à l'intérieur ou à l'extérieur de la résidence de diplomates américains.
Interrogée jeudi, la porte-parole du département d'État, Heather Nauert, n'a ni confirmé ni démenti une telle hypothèse. "Nous essayons encore de déterminer la vraie cause de leur situation", a-t-elle dit. "Une enquête est en cours, nous n'avons pas de réponse définitive", "nous ne pouvons pas accuser à ce stade un pays ou qui que ce soit".
L'affaire remonterait pourtant déjà à plusieurs mois. Cependant, elle n'a été dévoilée que cette semaine et la diplomatie américaine ne livre ses informations qu'au compte-gouttes. Fin 2016, des Américains travaillant à l'ambassade des États-Unis à La Havane ont commencé à se plaindre "de divers symptômes physiques", avant d'être rapatriés "pour raisons médicales", sans que le département d'État ne fournisse d'explication sur ces "incidents", ni le nombre de personnes concernées.
Jeudi, le Canada a précisé qu'un de ses diplomates avait subi une perte d'audition, tout comme plusieurs collègues américains.
Des armes non-létales déstinés au contrôle des foules
Si une arme sonique a beau sembler sortir tout droit des ateliers de Q, le fournisseur de gadgets de James Bond, elle n'en n'est pas moins réelle. Cela fait plusieurs années que les militaires développent cette technologie non létale. Le "canon à son" avait été utilisé en 2009 pour disperser les manifestants lors du G20 de Pittsburgh, aux États-Unis. En 2012, l'armée britannique avait annoncé disposer de cette technologie pour les Jeux olympiques de Londres.
Ce serait cependant la première fois qu'une telle arme est utilisée par des services secrets ou des groupes terroristes contre une mission diplomatique. Soucieux de désamorcer les tensions, le département d'État a précisé que l'enquête restait en cours et que Washington n'accusait pas pour le moment Cuba d'être derrière les attaques.
Toutefois, signe que l'affaire est prise au sérieux, les États-Unis ont décidé dès le 23 mai, sans attendre d'y voir plus clair, l'expulsion de deux diplomates cubains en poste à Washington, puisque "Cuba est responsable de la sécurité de nos diplomates sur place".
Une décision susceptible d'envenimer les relations entre les États-Unis et Cuba, rétablies en 2015 après un demi-siècle de rupture et qui se sont déjà à nouveau dégradées avec l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Le président américain a durci le ton face à La Havane en juin, portant ainsi un coup au rapprochement initié par son prédécesseur Barack Obama. Tout comme les diamants, certaines inimitiés semblent éternelles
Avec AFP