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En promettant "le feu et la fureur" sur Pyongyang en réponse à une menace de la Corée du Nord sur l'île de Guam, Donald Trump s'est attiré les foudres des observateurs, inquiets de voir Washington tomber dans une escalade verbale.

Les menaces de Trump qui promet "le feu et la fureur" sur Pyongyang n’ont pas laissé les observateurs politiques de marbre. Alors que le ton est brutalement monté entre les États-Unis et la Corée du Nord sur un projet de frappe contre l'île de Guam brandi par le régime de Kim Jong-un, de nombreuses voix se sont élevées Outre-Atlantique pour dénoncer les mots employés par Donald Trump.

À commencer par les responsables politiques. "J'objecte aux commentaires du président car il faut être certain d'être en mesure de faire ce que l'on dit", a déclaré le républicain John McCain dans une interview radiophonique. "Les grands leaders ne menacent pas s'ils ne sont pas prêts à agir, et je ne suis pas sûr que le président Trump le soit", a ajouté le sénateur de l'Arizona.

Déclaration "provocantes" et "épouvantables"

Le sénateur démocrate Benjamin L. Cardin a déclaré dans le Washington Post que les remarques n'étaient "pas utiles et montrent une fois de plus que Trump manque de tempérament et de jugement" pour faire face à une grave crise. "Nous ne devrions pas nous engager dans le même genre de déclarations provocantes et épouvantables que la Corée du Nord au sujet de la guerre nucléaire".

Même constat du côté des analystes politiques. Douglas Paal, ancien diplomate passé par plusieurs administrations républicaines, aujourd'hui chercheur au Carnegie Endowment for International Peace de Washington, a pour sa part fortement déconseillé au président américain de s'engager dans une guerre des mots avec Pyongyang. "Cela pourrait être satisfaisant au premier abord, mais cela nous entraîne dans la boue où nous devrions laisser Pyongyang se prélasser seul", a-t-il dit.

"Un cygne noir"

"Les tensions vont continuer à monter et pourrait au final se transformer en un 'cygne noir' [une éventualité à la probabilité faible mais qui aurait des conséquences exceptionnelles si elle se réalisait, NDLR]", note Steve Hanke, professeur d'économie appliquée à la Johns-Hopkins University.

"C'est un moment hautement plus dangereux que ce qu’ont pu affronter les prédécesseurs de Trump", a déclaré Mark Dubowitz, directeur général de la Fondation pour la défense des démocraties, un groupe à but lucratif à Washington dans les colonnes du New York Times. "Cela montre que la rhétorique diplomatique habituelle de Washington n'a pas permis de dissuader le régime de Kim Jong-un. Cela montre que le pays le plus puissant au monde peut aussi tomber dans l'escalade verbale".

Avec Reuters