L’ONG française Douleurs sans frontières s’apprête à débuter une action dans les camps de réfugiés de Mossoul et sa région pour prendre en charge psychologiquement "des personnes détruites" alors que le système de santé irakien est "dépassé".
"Il faudra reconstruire les villes mais aussi reconstruire les gens." De retour d’Irak, dans la région de Mossoul, Alain Serrie, directeur de l’ONG Douleurs sans frontières, a témoigné vendredi 28 juillet sur France 24 du "réel besoin de prise en charge psychologique" qu’il a constaté chez les réfugiés des camps de Mossoul et sa région.
"En Irak, on compte 43 camps de réfugiés. En fait, il s'agit de personnes déplacées sur le plan national, c'est-à-dire des Irakiens, des Kurdes, des Yazidis, des Shabaks qui ont fui Mossoul ou d’autres zones de combats et qui n’ont plus de domicile. Ce sont des personnes meurtries, fracassées, détruites", a raconté le médecin dont l’ONG s’apprête à débuter une action sur place.
"50 000 personnes en souffrance… et un seul psychologue"
Évoquant "le désespoir" qui règne dans ces camps, Alain Serrie s’est notamment attardé sur les témoignages "qui se recoupent" de violences faites aux femmes : "Pour celles qui ont été esclaves sexuelles pendant deux ans et demi et qui sont à présent rejetées par leur communauté, c’est la double peine", a-t-il souligné. Le médecin a aussi évoqué le cas d’enfants soldats "qui ne parlent plus leur langue, qui parlent l’arabe, qui ont appris à tuer" et qui sont, eux aussi, rejetés.
Le médecin estime qu’il faut que ces victimes verbalisent ce qui leur est arrivé avec des groupes de parole et un suivi par des psychologues ou des psychiatres. Or, le système de santé irakien est "dépassé" : "Dans le camp ou nous allons travailler, il y a 50 000 personnes… et un seul psychologue", a-t-il relevé en annonçant vouloir envoyer des psychiatres français sur place pour des missions de trois à six mois.