logo

Vidéo : à Kaboul, la communauté hazara, cible des attaques des Taliban

Un attentat revendiqué lundi par les Taliban a fait une vingtaine de morts à Kaboul, dans un quartier hazara, une minorité chiite du pays régulièrement prise pour cible par les insurgés. Reportage de Sonia Ghezali et de Nazir Afzali.

Balayer les débris de verre, retirer la tôle déformée, déblayer les objets calcinés. L'explosion d’une voiture piégée a laissé lundi 25 juillet une rue sinistrée dans un quartier hazara, minorité chiite d’Afghanistan, situé à l'ouest de Kaboul. Une vingtaine de personnes ont été tuées dans l’attentat revendiqué par les Taliban.

Quelques heures après l’attaque, certains habitants du quartier sont revenus sur les lieux pour constater les dégâts. Said Najeeb, qui possède une échoppe dans la rue, est l’un d’entre eux. "Depuis que je suis rentré en Afghanistan, il y a 15 ans, après avoir quitté l'Iran où j'étais réfugié, j'ai été le témoin de sept attaques. Assez, on en a assez de ce sang versé", tempête le commerçant.

Comme lui, des centaines d’autres membres de la communauté hazara ne cachent plus leur colère. "Le gouvernement n'accorde aucune attention à notre sécurité. Comme la majorité de la population, on se plaint des autorités", renchérit Shoukroullah Fazili, professeur d'informatique à Kaboul.

Une communauté exclue

Tous ont le sentiment d'être laissés pour compte. Les Hazaras, présentés comme les descendants de Gengis Khan, - conquérant mongol qui a envahi l'Afghanistan au XIIIe siècle - , ont longtemps été mis au ban de la société. Leur communauté est notamment exclue de la fonction publique et de certains métiers. Ils ne peuvent par exemple pas devenir médecin ou avocat.

Une discrimination que Bob Daoud Nadji, leader du mouvement de contestation Lumière, regrette amèrement. "Après la conférence de Bonn qui a installé l'Afghanistan contemporain, il était convenu que les Hazaras devaient être représentés à hauteur de 20% au sein du gouvernement. Mais nous ne sommes que 4%."

Il faudra certainement attendre encore longtemps pour espérer faire évoluer les mentalités. Mais l'insécurité grandissante dans le pays ne favorise pas les changements d'états d'esprit.