La dernière pépite du studio américain Giant Sparrow, "What Remains of Edith Finch", est désormais disponible sur PC, PS4 et Xbox One. Touchant, terrifiant et souvent sublime, c'est un trésor de créativité qu'il faut absolument se procurer.
"What Remains of Edith Finch" est l’un des plus grands jeux de cette année 2017. Pourtant, développé par les Californiens de Giant Sparrow ("The Unfinished Swan", sorti en 2012), il ne dure que deux, voire trois petites heures. Mais quelles heures ! Ce jeu captive par la puissance de son propos, les détails de son environnement et l’atmosphère oppressante qui s’en dégage.
Il raconte l’histoire d’Edith Junior qui, après des années d’absence, revient dans la maison de ses aïeux. Ceux-si sont tous morts, les uns après les autres, de manière souvent mystérieuse et dramatique. L’adolescente de 17 ans cherche à comprendre pourquoi le sort s’est ainsi acharné sur les Finch et pour cela, elle va devoir explorer l’arbre généalogique de sa famille dans les pièces de cette immense bâtisse de guingois.
Disponible sur PC et PS4 depuis le mois d’avril, "What Remains of Edith Finch" est sorti jeudi 19 juillet sur Xbox One pour la (presque) modique somme de vingt euros. Même si vous n’avez pas de console, un PC basique sera en mesure de le faire tourner. Voici pourquoi vous devez absolument explorer l’histoire des Finch.
Parce que c’est bouleversant
Toute notre vie, nous sommes nourris par la culture. Les livres, les films, la musique, la bande dessinée, les jeux vidéo font partie de notre quotidien et certaines œuvres nous touchent, tandis que d’autres nous laissent de marbre. Tout est normal.
Mais dans la masse de cette nourriture intellectuelle, certaines œuvres nous marquent particulièrement. Non pas qu’elles soient objectivement meilleures que les autres, mais parce qu’elles font un pas de côté, parce qu’elles ont un propos qui nous parle ou nous bouleverse. Souvent, lorsqu’on arrive à la fin de ces œuvres, on a cette petite boule qui nous tient au ventre et l’envie de crier au monde à quel point ce fut une expérience à la fois sublime et terrible.
Pour moi, "What Remains of Edith Finch" fut de celles-ci. Pour la simple et bonne raison que je n’avais jamais joué à un jeu vidéo aussi triste. La tristesse, la véritable tristesse, celle qui vient de la perte de l’amour et de l’autre, est une émotion complexe à créer dans un jeu vidéo. Mais lorsqu’Edith parcourt les pièces de cette maison reculée sur une île du Pacifique, elle entre à chaque fois dans l’univers de l’un de ses proches décédés. Nous entrons dans la tête et dans le cœur de ces personnes. Nous apprenons à les aimer et à les pleurer. Ce que vous ressentirez en jouant à "What Remains of Edith Finch" sera donc forcément très personnel. Et c’est là toute la beauté de ce jeu vidéo.
Parce que c’est une expérience de jeu géniale
Lorsque je vous dis que nous entrons dans la tête et le cœur de feu les membres de la famille Finch, ce n’est pas un artifice d’écriture. Grâce à tous les objets disposés dans les chambres et les pièces de la maison – carnet, BD, photographie – on plonge littéralement dans l’esprit et les souvenirs de ces personnes mortes.
On devient un chat, une chouette. Un ouvrier à la chaîne qui laisse son esprit vagabonder vers des mondes merveilleux. Un bébé qui prend son bain et se croit dans un océan immense. Un enfant qui pense pouvoir s’envoler. Une femme poursuivie dans une bande dessinée comme dans un slasher américain.
À chaque fois, le gameplay proposé est ingénieux, ludique, immersif. "What Remains of Edith Finch" est un walking simulator, un jeu narratif focalisé sur l’ambiance, l’histoire et les émotions. Les détracteurs du genre considèrent que ce type de jeux s’éloignent de ce qui fait le jeu vidéo dans sa substance, à savoir le fait de raconter avec du gameplay. Mais la générosité du gameplay du titre de Giant Sparrow prouve à quel point ils se trompent.
Parce que c’est à la fois un conte et une poésie
Arrêtons-nous deux petites minutes sur cette narration. Tout au long de l’aventure, le joueur vogue entre les souvenirs des membres de la famille Finch et les pensées de Edith Junior. Ses pensées s’affichent sur notre écran au fur et à mesure que nous parcourons la maison. Et cette maison nous raconte une histoire en elle-même.
Comme immergé dans un conte qu’on se raconterait au coin du feu un soir d’hiver, nous parcourons la maison des Finch en observant les centaines d’objets et de détails intriguants ou déstabilisant qui y reposent. En se parlant à elle-même, Edith nous raconte ce qu’elle ressent et ce qu’elle pense et nous conduit à travers un labyrinthe hanté par les morts.
C’est une tragédie parfois drôle et toujours touchante. Mais c’est une tragédie qui ne tombe jamais dans un pathos exacerbé ou vide, car l’on sait que tout se finira par la mort et que "What Remains of Edith Finch" n’inflige jamais de leçons.
Parce que c’est un jeu sur la mort et le deuil
On voit constamment des personnes mourir dans les jeux vidéo. La plupart du temps, c’est même nous qui les tuons et c’est souvent assez jouissif. Mais cela ne nous apporte rien, ne nous fait rien ressentir. La mort est devenue un lieu commun du medium et l’on en a oublié à quel point, dans la vie réelle, la perte d’un proche est une émotion ravageuse.
Mais "What Remains of Edith Finch" va à l'inverse de cette manière de fonctionner. Il est à mettre entre toutes les mains de ceux qui ont connu le deuil. Parce qu'il nous permet de comprendre que la mort, ça arrive. De manière parfois tragique, parfois absurde. Mais ça arrive et ce jeu parviendra, on l'espère, à panser une partie de vos plaies intérieures.
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