Près d'un an après le putsch du 6 août 2008, 1,2 million de Mauritaniens sont appelés aux urnes, ce samedi, pour élire leur président, parmi neuf candidats. L'ex-chef de la junte, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, fait figure de favori.
Les Mauritaniens se rendent aux urnes, ce samedi, pour la première fois depuis le coup d’État militaire du 6 août 2008 qui a plongé le pays dans une grave crise politique
Par cette élection, ce pays d’Afrique de l’ouest va tenter de renouer avec l’ordre constitutionnel renversé par Mohamed Ould Abdelaziz lors du putsch de l'an dernier, qui avait chassé du pouvoir le premier président démocratiquement élu du pays, Sidi Ould Cheikh Abdallahi.
Le coup d’État avait été unanimement condamné par la communauté internationale. Principal bailleur du pays, l’Union européenne avait ainsi décidé de suspendre l'aide de 156 millions d’euros qu'elle s'était engagée à lui verser entre 2008 et 2013, le plongeant dans un profond marasme économique. Bruxelles a cependant promis de lever cette suspension si l'élection se déroulent de façon "claire et transparente".
Après des mois de négociations - sous l’égide du Sénégal, notamment -, les différentes formations politiques mauritaniennes ont signé un accord de sortie de crise, le 4 juin dernier, ouvrant la voie à l’organisation du scrutin promis par la junte depuis le putsch.
Trois poids lourds pour un fauteuil
Neuf candidats, dont trois poids lourds du paysage politique mauritanien, sont en lice pour cette élection. Le grand absent n’est autre que le président déchu, Sidi Ould Cheikh Abdallahi.
Le favori se nomme Mohamed Ould Abdelaziz, l'homme qui avait conduit le putsch d’août 2008. Chef de la junte jusqu’en avril dernier, il avait alors quitté l’armée et la tête de l’État mauritanien pour se porter candidat à la présidentielle. Une démission que ses opposants avaient accueilli avec méfiance, estimant qu'il s'agissait d'une manœuvre destinée à légitimer le putsch.
Fort de son expérience de dix mois à la tête du pays, l’ancien commandant de bataillon se lance avec confiance dans la course électorale. Son acharnement à vouloir baisser les prix lui vaut le surnom de "Chavez mauritanien" et le soutien des couches populaires.
L'un de ses principaux adversaires, Ahmed Ould Daddah, est le leader du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), le plus grand parti d'opposition du pays. Il a débuté sa carrière politique en tant que président de la Banque centrale de Mauritanie entre 1973 et 1978. Il a fait ensuite ses premiers pas en politique la tête du ministère des Finances et du Commerce.
Candidat malheureux aux présidentielles de 1992 et 2003 entachées de fraudes massives, il se présente une troisième fois devant les électeurs en 2007, face à Sidi Ould Cheikh Abdallahi, mais perd au second tour, rassemblant sur son nom un peu plus de 47 % des suffrages seulement.
D’abord favorable au coup d’État de 2007, il a changé de camp par la suite, appelé à la "résistance démocratique", puis fustigé "l’ambition folle" de Mohamed Ould Abdelaziz.
Le troisième poids lourd en lice pour le scrutin est le colonel Ely Ould Mohamed Vall, autre figure incontournable de la scène politique mauritanienne. Ancien chef de la junte militaire au pouvoir dans le pays entre 2005 et 2007, il avait remis le pouvoir à Sidi Ould Cheikh Abdallahi à l'issue de la dernière présidentielle, mettant fin à plus de deux décennies de régime militaire.
Farouchement opposé à son cousin et ancien allié Mohamed Ould Abdelaziz, il juge le coup d’État d’août 2008 "inapproprié, inadéquat et sans aucune raison d’être".
C’est pourtant lui qui a propulsé Mohamed Ould Abdelaziz dans les hautes sphères du pouvoir lors du coup d’État de 2005.
"J’ai le plus grand parti politique du pays, ce sont tous les Mauritaniens", s'est plu à répéter ce candidat indépendant au cours des mois précédant la présidentielle.