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L'enlèvement des deux Français lié aux pirates emprisonnés en France

Mohammad Ali Ibrahim, ministre somalien des Affaires sociales, a déclaré à FRANCE 24 que les deux Français, otages aux mains des Shebab, auraient été kidnappés suite à l'arrestation par Paris de pirates proches de ces islamistes.

Les deux conseillers français retenus en otage en Somalie sont maintenant aux mains des Shebab, un groupe islamiste revendiquant des liens avec Al-Qaïda. Selon un ministre somalien joint vendredi par FRANCE 24, leur enlèvement pourrait avoir un rapport avec l’arrestation de pirates somaliens par la marine française, en 2008 et 2009.

Les deux Français ont été kidnappés mardi à leur hôtel par des hommes armés, à Mogadiscio. Selon des sources gouvernementales somaliennes, ils ont ensuite été séparés, l’un étant retenu par les Shebab, l’autre par Hezb al-Islam, un autre groupe islamiste sévissant dans le pays.

Dans un entretien exclusif accordé à FRANCE 24 vendredi, le ministre somalien des Affaires sociales, Mohammed Ali Ibrahim, révèle que les deux otages Français sont désormais aux mains des Shebab.

"Selon nos dernières informations, les Shebab se sont emparés par la force de l’agent [retenu par Hezb al-Islam, NDLR] juste après minuit", affirme Mohammed Ali Ibrahim.

Ce nouveau rebondissement pourrait, selon le ministre, compliquer les tractations devant déboucher sur leur libération. "À mon avis, tant que les otages sont aux mains des Shebab, les négociations seront plus difficiles parce que ces derniers sont les plus extrémistes", prévient-il.

Précisant que les raisons de l’enlèvement restent encore obscures, le ministre révèle : "La raison principale à l’enlèvement des Français, c'est que certains Shebab ont des proches emprisonnés en France, des pirates.”

Otages français contre pirates somaliens

Quinze pirates sont actuellement détenus en France. Ils ont été interpellés par la marine française au cours des assauts menés lors des prises d’otages du "Ponant" en avril 2008, du "Carré d’As" en septembre 2008 et du "Tanit", en avril de cette année. Ils encourent, pour la plupart, la réclusion criminelle à perpétuité.

"Ces milices islamistes ont besoin d’énormément d’argent pour fonctionner, analyse Lucas Menget, grand reporter à FRANCE 24. C’est à cela que servent les enlèvements, mais aussi la piraterie, qui sévit au large des côtes somaliennes."

Deux milices islamistes, qui contrôlent déjà tout le sud et le centre du pays, ont déclenché en mai de violents combats dans la capitale somalienne contre le gouvernement du président en place, Sharif Sheikh Ahmed.

Engluée dans une guerre civile depuis 18 ans, la Somalie, l'un des États les plus instables du globe, est plongée dans le chaos. Le gouvernement est reclus dans un petit bastion défendu par des soldats de la force de paix de l'Union africaine, l'Amisom, dans le centre ville de Mogadiscio.

Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), plus de 200 000 personnes auraient fui la capitale, théâtre de violents combats depuis le mois de mai.