
Le Premier ministre pourrait bien profiter du remaniement pour aller plus loin que les modifications "techniques" annoncées, et écarter les membres du gouvernement visés par des affaires, et notamment ceux issus du MoDem.
Le remaniement du gouvernement Philippe ne sera pas aussi "technique" qu'annoncé par le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner. Le Premier ministre, qui a présenté lundi 19 juin la démission de son gouvernement, pourrait bien profiter de cette "tradition républicaine au lendemain d'élections législatives" pour écarter les ministres empêtrés dans des affaires. Surtout au sein d’un exécutif qui se targue de vouloir moraliser la vie publique et mettre fin aux vieilles pratiques douteuses.
Le nouveau poste "stratégique" de Ferrand à l'Assemblée
Le premier à faire les frais du remaniement, dès lundi, c'est Richard Ferrand, qui semble avoir été sacrifié sur l'autel de la transparence. À la demande du chef de l'État, qui l'a reçu dans la plus grande discrétion et pendant près d'une heure à l'Élysée, le ministre de la Cohésion sociale et des Territoires a accepté de quitter le gouvernement pour briguer la présidence du groupe La République en marche à l'Assemblée nationale. L'entourage du président a juré ses grands dieux que l’élu breton ne faisait pas les frais de ses démêlés avec la justice. "C'est tout sauf une sanction, puisque le poste le plus stratégique à l'Assemblée nationale sera à l'évidence celui de président du groupe La République en Marche", a déclaré sur BFMTV Sébastien Griveaux, un fidèle d'Emmanuel Macron.
L'enjeu est simple : il y a 308 députés LREM qui vont prendre leurs marques. Il va falloir organiser ce groupe. #E1Matin
— Richard Ferrand (@RichardFerrand) 20 juin 2017En attendant cette nouvelle "promotion", Richard Ferrand est entendu dans une enquête qui fait suite à la publication fin mai d'un article du Canard enchaîné. L'hebdomadaire satirique avait alors révélé qu'en 2011, les Mutuelles de Bretagne avaient décidé de louer des locaux commerciaux appartenant à la compagne de Richard Ferrand, leur directeur général de l'époque.
La renonciation de Sylvie Goulard
Officiellement, Sylvie Goulard n’a pas été priée de partir mais a annoncé mardi avoir choisi de ne plus "faire partie du gouvernement", pour pouvoir, le cas échéant, "démontrer librement [sa] bonne foi" dans l'enquête sur des soupçons d'emplois fictifs présumés au MoDem. Emmanuel Macron "a entrepris de restaurer la confiance dans l'action publique, de réformer la France et de relancer l'Europe. Cette entreprise de redressement doit l'emporter sur toute considération personnelle", a souligné l'éphémère ministre.
Une enquête préliminaire a été ouverte le 9 juin, après un signalement auprès du parquet d'un ancien salarié du MoDem, pour déterminer si le parti politique avait ou pas salarié des employés en les faisant passer pour des assistants parlementaires européens.
Le casse-tête Bayrou et de Sarnez
Enfin, l'entourage présidentiel s'est refusé à tout commentaire sur l'avenir de François Bayrou et de Marielle de Sarnez, les deux autres personnalités du MoDem qui figuraient dans le premier gouvernement Philippe.
Pour l’heure, "François Bayrou a vocation à rester au gouvernement", il n'y a "aucun" problème, a estimé le Premier ministre. Une clarification qui laisse justement qu’il pourrait y en avoir un. Car le garde des Sceaux et la ministre des Affaires européennes font tous les deux l’objet d’une enquête ouverte par le parquet de Paris sur des soupçons d'emplois fictifs du MoDem au Parlement européen, après des révélations du Canard enchaîné.
La ministre chargée des Affaires européennes Marielle de Sarnez semble s’être préparée à ne pas voir son mandat ministériel renouvelé. L’intéressée a annoncé mardi au Parisien qu'elle n'excluait pas de quitter le gouvernement. "Tout est ouvert pour moi. Le gouvernement ou la présidence du groupe MoDem à l'Assemblée. Ce sont deux engagements passionnants."