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Législatives 2017 : le duel Bournazel-El Khomri oppose à distance le président à son Premier ministre

Situation inédite dans la 18e circonscription de Paris où les candidats LR et PS qualifiés pour le second tour se réclament tous deux de la majorité présidentielle. Le premier affiche le soutien d’Édouard Philippe. La seconde celui d’Emmanuel Macron.

Le duel entre Pierre-Yves Bournazel (LR) et Myriam El Khomri (PS), qui s’affrontent au second tour des législatives, dans la 18e circonscription de Paris (partie du IXe arrondissement et partie du XVIIIe), a-t-il été évoqué par le président de la République, lors de son déjeuner de travail, lundi 12 juin, avec son Premier ministre ? La situation est singulière : Emmanuel Macron et Édouard Philippe soutiennent chacun leur propre candidat dans cette élection où La République en marche (LREM) avait fait le choix de n’investir personne.

Circonscription du nord de la capitale marquée à gauche, c'est pourtant le candidat Les Républicains qui est arrivé en tête avec 31,76 % des voix, devant la candidate socialiste (20,23 %), le 11 juin. Tous deux se réclament de la majorité présidentielle et s’étaient efforcés, avant le premier tour, de jouer la discrétion sur leur appartenance politique. Pierre-Yves Bournazel avait ainsi purement et simplement omis le logo de LR sur ses affiches de campagne, tandis que Myriam El Khomri avait bien affiché celui du Parti socialiste mais en tout petit.

Leur proximité est telle qu’avant le premier tour, les deux candidats s’étaient engagés, en cas de triangulaire avec le candidat de La France insoumise, Paul Vannier, à se désister au second tour en faveur du mieux placé.

Désormais opposés, tous les moyens sont bons pour faire pencher la balance de leur côté. Or, avec un tel raz-de-marée de La République en marche, quoi de mieux que d'afficher le soutien de l’exécutif ? Myriam El Khomri a ainsi annoncé sur Twitter avoir reçu celui d’Emmanuel Macron. "Merci au président de la République Emmanuel Macron de m'avoir confirmé sa confiance en m'apportant son soutien officiel pour ce second tour", a-t-elle écrit sur le réseau social.

Pierre-Yves Bournazel se félicite, lui, du soutien d’Édouard Philippe, qui est allé jusqu’à enregistrer une vidéo, la semaine dernière, pour faire connaître sa préférence. "Faites le bon choix, ne vous trompez pas et portez à l'Assemblée nationale un excellent député, Pierre-Yves Bournazel", lançait aux électeurs le chef du gouvernement dans cet enregistrement posté sur le compte Twitter du candidat.

"Il n'y a pas de candidat En Marche ! [dans cette circonscription] et il y a deux candidats avec des passés différents, des engagements différents, qui entendent se placer dans la majorité présidentielle", a tenu à préciser, mardi 13 juin, sur franceinfo, Édouard Philippe, tout en réitérant son soutien au candidat LR.

El Khomri tente de récréer le clivage gauche-droite

Pour Pierre-Yves Bournazel, qui a vu "de la panique" chez son adversaire, Myriam El Khomri "se réclame d’un soutien qui officiellement n’existe pas". Le Premier ministre "m'a apporté un soutien officiel, non pas dans une conversation privée qui serait rapportée, mais dans une vidéo où il dit très clairement que le bon candidat pour porter la majorité présidentielle, c'est bien moi", a souligné, sur RFI, le candidat Les Républicains.

Selon l'équipe de campagne de Myriam El Khomri, citée par l’AFP, "il y a eu des échanges" entre l'ex-ministre et Emmanuel Macron dans la journée de lundi. "On a twitté peu après avoir reçu la confirmation de son soutien. Pour nous, c'est plus une confirmation puisqu'en décidant de ne pas investir de candidat LREM dans la circonscription, Emmanuel Macron souhaitait soutenir Myriam El Khomri", a indiqué cette source.

Mais depuis l’annonce des résultats du premier tour, la candidate se réclame également de la gauche et tente de remettre au goût du jour le clivage gauche-droite pourtant oublié il y a encore quelques jours. "Face à Pierre-Yves Bournazel, candidat de la droite, rassemblons-nous pour que la circo reste à gauche, une gauche exigeante et constructive", a-t-elle tweeté dimanche soir, rappelant au passage que son adversaire "a parrainé François Fillon" et "rejeté le mariage pour tous".

Une stratégie qui risque de ne pas porter ses fruits puisque Myriam El Khomri ne pourra vraisemblablement pas compter sur un report de voix venu de sa gauche. Paul Vannier (16,60 %) et la candidate Caroline De Haas (13,57 %) – soutenue par les écologistes et les communistes, égérie de la lutte contre la loi travail – ont exclu de choisir entre les deux qualifiés du second tour.