
L'homme qui a attaqué un policier sur le parvis de Notre-Dame, mardi, a travaillé pour le quotidien algérien El Watan. France 24 a recueilli le témoignage d'un des ses ex-collègues, qui ne lui connaissait "aucun penchant religieux extrême".
Contacté par France 24, un journaliste d’El Watan se souvient de son ancien collègue, Farid. I, l’homme qui a agressé au marteau un policier devant Notre-Dame de Paris, mardi 6 juin. "C’était un gars gentil comme tout et compétent, retient-il. Personnellement, je ne lui connaissais pas de penchant religieux extrême."
Issu d'une famille connue à Akbou, ville située en Kabylie, à près de 220 km à l’est d’Alger, le journaliste qui l’a côtoyé ne tarit pas d’éloge sur le professionnel qu’il était. "Il était tellement bon comme journaliste, que j'ai tout fait pour le garder comme permanent. Mais il avait choisi de repartir en Suède…". En tout état de cause, "il prenait au sérieux tout ce qu’il faisait".
"Il défendait des valeurs de la démocratie"
Jusqu'ici inconnu des services de renseignement français, Farid I. poursuivait une thèse en sciences de l'information et de la communication à l'université de Lorraine à Metz, après un parcours universitaire en Suède.
Titulaire d'une carte de séjour, il avait indiqué à son directeur de thèse effectuer de temps en temps des traductions du suédois vers l'arabe. "Le Farid que j'ai connu est aux antipodes de tout ce qu'on décrit actuellement", a témoigné auprès de l'AFP le professeur Arnaud Mercier, qui le connaît depuis 2013. "Il était plutôt occidentalisé, défendait des valeurs de la démocratie, de liberté de la presse", a-t-il ajouté. "Sa thèse portait sur la manière dont les médias algériens couvraient les élections des autres pays, comme le Maroc ou la Tunisie".
Un "homme très discret"
Le tabloïd suédois Expressen a rapporté que Farid. I avait été marié jusqu'en 2005 à une Suédoise, dont l'identité n'a pas été dévoilée, avant de quitter la Suède en 2013, ajoute le journal.
Selon une fiche à son nom sur le site professionnel LinkedIn, l'agresseur dit avoir dirigé un journal local à Béjaïa, en Kabylie, et avoir travaillé pour le quotidien algérien El Watan, connu pour sa ligne anti-islamiste.
À Cergy (Val d'Oise), où Farid I. louait un studio en rez-de-chaussée dans une résidence étudiante, la plupart des locataires racontent ne pas avoir gardé souvenir du doctorant.
Seul un locataire, qui n'a pas souhaité dévoiler son identité, a évoqué un "homme très discret". "Ce n'était pas du tout un islamiste avec une grande barbe. Plutôt le genre pantalon en toile et veste, un style de professeur des écoles", a-t-il indiqué à l'AFP.
L'agresseur n'avait "à aucun moment donné de signes de sa radicalisation", a lui-même souligné mercredi le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner. "Toutes les indications" confirment la thèse "d'un acte isolé", a-t-il ajouté.
Avec AFP