Nouvelle preuve des tensions entre Berlin et Ankara : la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, a annoncé que les soldats allemands stationnés sur la base militaire d'Incirlik en Turquie seraient redeployés vers la Jordanie.
Même les impératifs de la lutte contre l'organisation État islamique (EI) ne font plus obstacle à la dégradation des relations diplomatiques entre Ankara et Berlin. La ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, a annoncé, mercredi 7 juin que les quelque 260 soldats allemands en poste sur la base militaire d'Incirlik seraient redeployés vers la Jordanie.
Cette décision était en gestation depuis plusieurs semaines. Berlin n'acceptait pas le refus opposé par Ankara à des parlementaires allemands de se rendre sur cette base de l'Otan, stratégique pour les opérations militaires menées contre l'EI. Le gouvernement allemand avait lancé, il y a deux semaines, un ultimatum aux autorités turques et le ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel s'était rendu sur place pour essayer de débloquer la situation. Ankara n'a rien voulu entendre.
"Un comble"
Le changement d'affection des soldats allemands va compliquer leur implication dans les opérations contre l'EI en Syrie. Ils vont être immobilisés pendant au moins plusieurs semaines, le temps de redéployer tout le matériel vers la Jordanie, où "leur actions seront rendues plus difficiles car les conditions sécuritaires y sont moins bonnes", souligne le quotidien Die Welt.
"C'est tout de même un comble lorsque un État membre de l'Otan doit retirer ses troupes du sol d'un autre membre de l'Otan parce que les deux pays se sont tellement pris le bec qu'ils n'arrivent plus à s'entendre sur rien", regrette le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.
Le gouvernement turc ne veut plus que des responsables politiques allemands se rendent sur la base militaire aérienne d'Incirlik depuis la décision de Berlin, début mai, d'accorder l'asile à plusieurs soldats turcs. Ces derniers avaient été accusés par Ankara d'avoir pris part à la tentative ratée de putsch de juillet 2016. Le gouvernement allemand, de son côté, a été l'un des plus critiques à l'égard de la répression menée par Ankara après la tentative de coup d'État.
Ce nouveau différend a envenimé une situation diplomatique déjà très tendue entre les deux pays depuis plusieurs mois. Ankara n'a, par exemple, pas pardonné à Berlin d'avoir limité l'apparition sur le sol allemand de politiciens turcs avant le référendum constitutionnel d'avril, qui a permis au président turc Recep Tayyip Erdogan de renforcer son pouvoir.