Des chercheurs de l'université de Harvard ont mené une vaste enquête sur les liens entre sommeil, réchauffement climatique et vie quotidienne. Les classes populaires et les personnes âgées souffriraient directement de la hausse des températures.
Vous avez chaud. Très chaud. Votre lit est une piscine de sueur, vos draps sont bons à essorer. Vous vous tournez et retournez sur votre matelas et n’arrivez pas à fermer l’œil. C’est une nuit horrible d’été où il fait bien trop chaud.
Avec le réchauffement climatique, ce type de moment désagréable pourrait se multiplier. Des chercheurs de l’université de Harvard ont publié une étude sur le rapport entre la chaleur et la perte de sommeil dans Science Advances. Ce sont les plus importants travaux menés sur le sujet.
Entre 2002 et 2011, les chercheurs de Harvard et les Centers for Disease Control and Prevention (Centres pour le contrôle des maladies et leur prévention) de l'ensemble des États-Unis ont, en partenariat, recueilli les témoignages de près de 765 000 Américains et ont mis en relation les difficultés rencontrées pour dormir avec les données sur la température nocturne.
La question posée aux personnes interrogées était : "Durant les trente derniers jours, combien de fois avez-vous senti que vous manquiez de sommeil ?". En mettant en corrélation les réponses avec les dates et les villes où vivaient les personnes interrogées, ils ont pu déterminer le nombre de nuits considérées comme "anormalement chaudes" durant ces trente jours.
D'importants risques pour la santé
Différentes conclusions ont émergé des résultats. Si le réchauffement climatique continue, en 2050, sur un échantillon de 100 Américains, chacun devra subir six nuits supplémentaires sans sommeil chaque mois. En 2099, on atteindra la chiffre de 14 nuits sans sommeil pour 100 personnes, selon les estimations des chercheurs.
"Le manque de sommeil favorise les maladies et les troubles chroniques et peut endommager la santé psychologique"
Mais ce qui intéressant, c’est que les divergences économiques et sociales changent la manière dont les Américains vivent ces nuits particulièrement chaudes. Ainsi, les plus affectés par le manque de sommeil sont les personnes âgées et celles aux revenus les moins élevés. Les personnes de plus de 65 ans dont le corps est moins à même de gérer les fortes températures, et les celles dont le revenu annuel n’excède pas les 50 000 dollars – qui ne peuvent s’offrir l’air conditionné –, souffriraient ainsi plus du manque de sommeil dans leur vie quotidienne. Les personnes cumulant ces deux situations sont 10 fois plus touchées par le manque de sommeil, ce qui impacterait profondément leur santé et leur moral.
Dans un communiqué de presse, repéré par le magazine Neon, le chercheur Nick Obradovich, en charge de l’étude à l’université de Harvard, indique ainsi que "le manque de sommeil favorise les maladies et les troubles chroniques et peut endommager la santé psychologique et le fonctionnement cognitif". Le système immunitaire est affaibli et les risques liés à des problèmes de santé comme le diabète, l’obésité, la dépression et les soucis cardiaques sont multipliés par ces nuits particulièrement chaudes.
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