Des milliers de personnes ont manifesté, mercredi, à Brasilia, pour réclamer la démission du président Michel Temer, visé par une enquête pour corruption. Le gouvernement a fait déployer l'armée pour reprendre le contrôle de la situation.
Des jets de pierre répondant à des gaz lacrymogènes, un incendie au ministère de l'Agriculture, une cathédrale dégradée… La forte mobilisation contre le président brésilien, Michel Temer, acculé par de graves accusations de corruption, a semé le chaos, mercredi 24 mai, à Brasilia. Le gouvernement a déployé l'armée pour reprendre le contrôle de la situation dans la capitale du Brésil.
"Actuellement, il y a des troupes fédérales ici, au palais d'Itamaraty (siège du ministère des Affaires étrangères, NDLR), et d'autres troupes arrivent pour assurer la protection des bâtiments ministériels", a annoncé le ministre de la Défense, Raul Jungmann, devant la presse.
Les heurts ont éclaté au moment où les manifestants, qui réclament la démission du chef d'État, déferlait dans le centre de la capitale brésilienne, en direction du palais présidentiel Planalto : la police a fait barrage en utilisant des grenades lacrymogènes, certains manifestants cagoulés répliquant par des jets de pierres. Envahi par les protestataires qui ont "déclenché un incendie dans une salle", le ministère de l'Agriculture a dû être évacué dans l'après-midi, selon son service de presse.
Lors de cette journée de manifestations, 49 personnes ont été blessées, dont une par balle, sept personnes ont été arrêtées, et des dégâts ont été causés à huit ministères et à la cathédrale, selon un bilan des autorités.
"Un mauvais signe pour la démocratie"
Déployer l'armée à Brasilia "est une mesure extrême qui montre que le gouvernement a perdu tout contrôle, c'est un très mauvais signe pour notre démocratie", explique à l'AFP André Cesar, analyste politique du cabinet de consultants Hold.
Une décision qui inquiète même des alliés-clés du président Temer, comme Tasso Jereissati, président du parti social-démocrate (PSDB). "La présence de troupes nous effraie toujours un peu", rappelle-t-il, en référence aux années de plomb de la dictature militaire (1964-1985).
Visé par des accusations de corruption, le président tente de s'accrocher au pouvoir en essayant d'éviter la défection de ses alliés politiques. Les appels à sa démission se multiplient depuis la semaine dernière, quand a été rendu public un enregistrement dans lequel il paraît donner son accord au versement de pots-de-vin. Rejetant fermement cette option, Michel Temer est toutefois menacé par un possible éclatement de sa coalition, tandis qu'une enquête a été ordonnée par la Cour suprême et que plusieurs motions ont été déposées pour tenter d'obtenir sa destitution.
Avec AFP