Le photojournaliste français Mathias Depardon, arrêté le 8 mai dans le sud-est de la Turquie, est toujours placé en détention. Danièle Van de Lanotte, la mère du journaliste, demande sa libération "immédiate" et en appelle à Jean-Yves Le Drian.
Le photojournaliste français Mathias Depardon, arrêté le 8 mai dans le sud-est de la Turquie, alors qu'il y effectuait un reportage pour le National Geographic, a entamé, lundi 22 mai, sa troisième semaine de détention. Jointe lundi matin au téléphone par France 24, Danièle Van de Lanotte, la mère du journaliste âgé de 37 ans, installé depuis plusieurs années en Turquie, demande sa libération "immédiate" et en appelle au ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
Les autorités turques, qui accusent le journaliste de "propagande terroriste" en faveur des séparatistes kurdes, devaient procéder à l’expulsion de Mathias Depardon, conformément à une décision prononcée le 11 mai. Le prolongement de sa détention reste inexpliqué dans ce pays qui occupe la 155e place sur 180 au classement mondial 2017 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF).
France 24 : quelles sont les nouvelles de Mathias Depardon ? Est-il bien traité sur son lieu de détention ?
Danièle Van de Lanotte : Mathias entame aujourd’hui sa troisième semaine de détention, déjà plus de 15 jours de privation de liberté pour un homme qui n’a rien fait de répréhensible. On ne sait pas vraiment comment se porte Mathias puisqu’il est coupé du monde. Personnellement, je ne l’ai jamais eu au téléphone depuis son arrestation, car il n’a le droit de joindre qu’une seule personne, et c’est donc son avocate, Emine Seker, qui est en contact avec lui. Selon elle, il est placé dans une cellule individuelle et a le droit d’en sortir deux fois par jour. D’après son avocate, il n’a pas subi de mauvais traitements. Je prie l’ambassadeur de France ou des responsables diplomatiques français de lui rendre rapidement visite, afin de constater de visu ses conditions de détention.
Mathias Depardon devait être libéré puis expulsé, à la suite d'une décision du 11 mai. Avez-vous une explication sur son maintien en détention ?
J’ignore les raisons de ce revirement. Les autorités turques ne communiquent pas sur son cas, c’est une situation très difficile parce que les informations ne filtrent pas. J’espère sincèrement que cette histoire va connaître un dénouement rapidement. Je pense que le changement de ministre des Affaires étrangères en France, à la suite de la nomination du nouveau gouvernement, a peut-être retardé la libération de mon fils. Je parle tous les jours avec l’ambassade, qui est très disponible et avec qui j’ai le contact facile. J’ai appris que le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Le Drian, va parler avec son homologue turc dans les prochaines 24 heures. Logiquement, le sort de Mathias devrait être abordé par les deux hommes. C’est donc au nouveau ministre de jouer désormais.
Avez-vous un message à faire passer aux autorités turques ?
J’espère que le pouvoir turc va agir au plus vite et répondre favorablement aux demandes françaises. Je leur demande que Mathias soit libéré rapidement et qu’il puisse sortir dignement, sans être éjecté du pays comme un malpropre, alors qu’il ne s’est rendu coupable de rien. Son expulsion éventuelle serait dramatique et humiliante pour quelqu’un qui vit en Turquie depuis plusieurs années.