
Des rebelles du M23 photographiés à Goma, au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, le 10 mai 2025. © Arlette Bashizi, Reuters (archives)
Moins d'une semaine après la signature d'un accord de paix sous médiation américaine entre Kinshasa et Kigali, le M23, soutenu par le Rwanda, et son armée a pénétré, mardi 10 décembre, dans les faubourgs d'Uvira, ville stratégique de l'est de de la République démocratique du Congo (RDC).
Cette nouvelle percée du groupe armé antigouvernemental M23 intervient près d'un an après l'offensive éclair qui lui avait permis, avec ses alliés rwandais, de s'emparer entre janvier et février des deux grandes villes de l'est de la RDC, Goma et Bukavu.
Depuis mars, le front s'était relativement stabilisé et des pourparlers avaient été engagés ces derniers mois. Jeudi dernier, le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame ont ratifié à Washington un accord visant à mettre un terme au conflit et qualifié de "miracle" par le président américain Donald Trump.
"Sauve qui peut !"
Mardi soir, au terme d'une avancée rapide, des combattants du M23 soutenus dans l'est de la RDC par 6 000 à 7 000 soldats rwandais selon des experts de l'ONU, sont entrés par le nord de l'agglomération d'Uvira, selon des sources sécuritaires et militaires.
"Le M23 est venu en larguant des bombes", a dit un officier de l'armée congolaise (FARDC), précisant que son unité avait quitté Uvira, située aux portes du Burundi voisin, dès 15 h 30 GMT.
"Il y a des tirs isolés environ toutes les 30 minutes, tout le monde est terré chez soi", a dit à l'AFP sous couvert de l'anonymat un représentant de la société civile locale joint par téléphone.
La ville enclavée entre des montagnes et le lac Tanganyka s'est largement vidée au cours de la journée à mesure que le M23 avançait, habitants, soldats, policiers et personnels administratifs fuyant devant la menace : "C'est le sauve-qui-peut", avait décrit un habitant joint par téléphone.
"Scènes de chaos"
Plus de 30 000 Congolais ont fui les combats et sont arrivés au Burundi en une semaine, selon un responsable administratif local burundais et une source onusienne. "Ces réfugiés congolais manquent de tout, on n'a pas de quoi les nourrir, les soigner", a déploré le responsable local.
Des colonnes de soldats congolais, dont certains ont abandonné armes et uniformes, ont fui la ville, se dirigeant vers le sud du pays à bord de véhicules réquisitionnés à des civils ou même à pied, selon des sources militaires.
D'autres ont tenté d'emprunter un bateau sur le lac, la cohue au port local créant des tensions. Des tirs désordonnés ont été entendus
Des scènes de "chaos" dans la ville ont été décrites par plusieurs témoins et militaires. Certains FARDC ont pillé magasins et pharmacies sur leur passage, arrachant même des téléphones aux mains des habitants, selon des témoins et des sources militaires. Plusieurs centaines de soldats congolais et burundais avaient déjà quitté les combats lundi et traversé la frontière pour se réfugier au Burundi.
Les États-Unis et plusieurs pays européens ont exhorté mardi dans un communiqué commun le M23 et Kigali à cesser "immédiatement" leur offensive en cours.
Avec AFP
