Le congrès des députés espagnol a demandé jeudi au gouvernement conservateur que les restes de Franco soient exhumés de l'immense mausolée controversé où le dictateur est enterré depuis 41 ans, à 50 km de Madrid.
L'opposition parlementaire espagnole s'est prononcée jeudi 11 mai en faveur du déplacement des restes de l'ancien dictateur Francisco Franco hors du mausolée où il a été inhumé à sa mort, en 1975.
Soutenue par les partis de la gauche et du centre, la recommandation témoigne des pressions toujours plus fortes en Espagne en faveur d'une transformation du vaste édifice de la "Valle de los Caídos" (La vallée de ceux qui sont tombés) en un monument commémorant toutes les victimes de la guerre civile qui a déchiré le pays de 1936 à 1939.
Sans caractère contraignant, elle a été adoptée par 198 voix, avec un vote contre, tandis que 140 parlementaires, dont les membres du Parti populaire (PP) du président du gouvernement, Mariano Rajoy, se sont abstenus. Le PP s'est toujours opposé à l'exhumation du corps de Franco, jugeant qu'une telle initiative raviverait de douloureux souvenirs, plus de 40 ans après sa mort et près de 80 ans après la fin du conflit.
Sans accord du gouvernement, aucune action d'exhumation n'est pour l'instant envisageable, ce dernier devant "très probablement opter pour le statu quo", précise Marion Gaudin, correspondante de France 24 à Madrid. Par ailleurs, les conservateurs précisent que rien ne pourra être fait sans l'accord de l'Église catholique, car les tombes sont "inviolables par l'autorité étatique".
Lieu de pélerinage de l'extrême droite
Le texte réclame en outre l'exhumation de dizaines de milliers d'autres corps enterrés dans le mausolée, situé à une cinquantaine de kilomètres de Madrid. Un certain nombre de ces corps appartiennent à des combattants républicains inhumés sans l'accord de leurs proches.
L'immense croix surplombant le monument a été construite par des prisonniers de guerre et domine toujours la Sierra de Guadarrama, un massif montagneux qui s'étend à l'ouest de Madrid. Elle fut longtemps un lieu de pèlerinage prisé par l'extrême droite espagnole.
Inauguré par le général Franco en 1959, le mausolée abrite également les restes du fondateur du mouvement fasciste de la Phalange espagnole, José Antonio Primo de Rivera.
En 2007, le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, petit fils d'un combattant de l'armée républicaine, a fait voter une loi sur la mémoire destinée à honorer davantage les victimes du conflit, quel que soit leur bord. Elle s'est révélée difficile à mettre en œuvre dans un pays où de nombreuses rues portent encore le nom de Franco.
Avec Reuters