![Un défilé du 1er mai entre tentation de l’abstention et heurts avec la police Un défilé du 1er mai entre tentation de l’abstention et heurts avec la police](/data/posts/2022/07/22/1658482962_Un-defile-du-1er-mai-entre-tentation-de-l-abstention-et-heurts-avec-la-police.jpg)
Dans le cortège du traditionnel défilé du 1er-Mai, lundi, beaucoup de manifestants hésitaient encore au sujet de leur vote de dimanche prochain. En tête de cortège, de violents incidents ont éclaté avec la police.
Le traditionnel défilé syndical de la fête du travail, lundi 1er mai, a pris cette année une connotation très politique, alors que les syndicats sont divisés au sujet de la consigne de vote pour le second tour de l'élection présidentielle du dimanche 7 mai.
À l'appel des centrales syndicales CGT, Force ouvrière, FSU et Solidaires, 30 000 personnes selon la police et 80 000 selon les organisateurs ont défilé de la place de la République jusqu'à celle de la Nation.
La tentation de l'abstention
Beaucoup de manifestants étaient très divisés sur leur intention de vote pour le second tour. Alors que fusaient les slogans "ni police, ni Le Pen, ni Macron", la tentation de l'abstention était dans toutes les têtes.
"C'est pitoyable de devoir choisir entre Macron et Le Pen. Je vais m'abstenir, parce que c'est bien mieux mis en avant que le vote blanc", lance Clément, 28 ans, qui regrette qu'il n'y ait pas "la même ferveur qu'en 2002 [où Jean-Marie Le Pen était arrivé au second tour de l'élection présidentielle]" dans cette manifestation du 1er-Mai.
"On ne se retrouve pas dans ce second tour. Macron n'est pas une bonne alternative", confient pour leur part Marie et Sarah, étudiantes. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a pourtant déclaré que "notre slogan est clair : il faut battre le FN pour le progrès social. Le FN est un parti raciste, xénophobe, antifemme et libéral", alors qu'une partie des syndicats de la CGT défilaient sous le mot d'ordre "ni peste ni choléra".
Les autocollants du mouvement de Jean-Luc Mélenchon, la France insoumise, étaient omniprésents dans le cortège. Ce dernier a fait une apparition surprise dès le début de la manifestation. "Merci", a-t-il dit à ceux qui l'acclamaient, "rendez-vous aux législatives", ont répondu ceux qui l'entouraient, avant qu'il ne serre quelques mains.
Heurts en tête de cortège
Volutes de merguez, distribution de L'Humanité, l'ambiance du défilé était calme, familiale et pacifique. Cependant, peu après le départ du cortège, des activistes encagoulés (selon toute vraisemblance, des membres des "Black Bloc") et des étudiants, placés devant les organisations syndicales, ont affronté les forces de l'ordre à coup de jets de pétards, de pierres ou de cocktails molotov.
Alors que le cortège avançait, de nombreux manifestants se sont étonnés des dégâts produits à l'avant. "C'est une manifestation très calme, les policiers nous laissent enfin tranquilles, on n'a même pas été fouillés", s'est réjouit Colette, syndicaliste de la CGT, sans être au courant des affrontements qui avait lieu un peu plus loin.
Au moins quatre policiers ont été blessés, "dont un a été gravement touché à la main et un autre sérieusement brûlé au visage", a précisé le ministre de l’intérieur, Matthias Fekl. Au moins quatre personnes ont aussi été interpellées.
Plusieurs abris-bus ont été détruits, des slogans anticapitalistes ou anarchistes tagués tout le long du passage de la manifestation, et des vitrines ont été brisées, alors que fusaient des slogans "cassez-vous" ou "dehors la police".
Une station autolib a également été incendiée, sous les huées (qui visaient Vincent Bolloré, dont le groupe possède le service de location de voitures). Un manifestant a été blessé lors d'une explosion dans la station, avant que deux pompiers ne viennent éteindre l'incendie.
Le défilé s'est terminé dans le calme, après un sit-in géant place de la Nation, dispersé par la police, peu avant 20 h.