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Des milliers de personnes marchent à travers le monde pour défendre la science

Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans le monde samedi lors de la "Marche pour les sciences", un mouvement mondial lancé aux États-Unis pour défendre la recherche, que les organisateurs jugent menacée par l'administration Trump.

Des milliers de scientifiques américains ont défilé, samedi 22 avril, dans les rues de Washington et New York pour dénoncer les coupes financières souhaitées par Donald Trump dans les budgets de la recherche, les "faits alternatifs" et autres remises en cause de la science qu'ils reprochent à la nouvelle administration américaine.

Ces manifestations, sans précédent, coïncident avec la Journée de la terre. D'autres "Marches pour les sciences" ont été organisées dans plus de 600 villes dans le monde, comme en Australie, en France, au Ghana ou au Brésil, et dans d'autres villes des États-Unis.

"Société éclairée"

En France, plusieurs milliers de personnes se sont mobilisées dans une dizaine de villes. D'après les organisateurs, elles étaient environ 5 000 à Paris (2 400 selon la police), un millier à Toulouse et Montpellier, 500 à Lyon et Marseille, 400 à Nantes et une centaine à Brest et à Orléans.  "Nous voulons avertir et mobiliser les citoyens sur l'importance des sciences dans une société éclairée, ce ne sont pas des opinions mais des faits", a expliqué à l'AFP Emmanuelle Perez-Tisserant, historienne à l'Université de Toulouse et l'une des initiatrices du mouvement en France.

À Berlin, des milliers de personnes se sont rassemblées, portant des banderoles "Nous aimons les experts, ceux qui ont des preuves", ou encore "La science, pas le silence", de l'université d'Humboldt à la porte de Brandebourg. Selon les organisateurs 11 000 personnes étaient présentes à ce rassemblement.

"La science n'est pas démocrate ou républicaine, libérale ou conservatrice", souligne le réseau à l'origine de la manifestation de Washington, insistant sur le caractère apolitique de la démarche. "Il nous est récemment apparu qu'il était temps de prendre la parole", a expliqué Rush Holt, directeur de l'Association américaine pour l'avancement des sciences, et ancien élu démocrate, lors d'une conférence de presse. "Je ne dirais pas que c'est fondamentalement à cause de Donald Trump, mais il ne fait aucun doute que des inquiétudes sont apparues ces derniers mois sur toutes sortes de sujets", a ajouté ce spécialiste de physique nucléaire.

Scepticisme croissant

Parmi les sujets qui inquiètent la communauté scientifique américaine, le projet de Trump de réduire les budgets des agences fédérales intervenant dans le champ scientifique, comme l'Agence de protection de l'environnement (EPA) dont le président américain veut réduire de 31 % la dotation financière dans le budget 2018. La remise en cause du changement climatique, que Donald Trump a présenté comme une invention des Chinois visant à nuire à la compétitivité des entreprises américaines, inquiète aussi les scientifiques au moment où la Maison Blanche réfléchit à la nécessité de maintenir ou non les États-Unis dans l'Accord de Paris sur le climat.

Plus globalement, les chercheurs américains dénoncent ce qu'ils voient comme un scepticisme croissant dans la classe politique et d'autres catégories de la société à l'égard des sciences qui se manifeste aussi sur des sujets comme les organismes génétiquement modifiés, l'évolution ou les vaccinations.

Avec Reuters et AFP