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Signature d'un accord de sortie de crise en Guyane

Après plus d'un mois d'un mouvement social qui paralysait la Guyane, un accord a été signé à Cayenne, à la veille de la présidentielle, entre le collectif à l'initiative de la mobilisation, les élus locaux et le gouvernement.

Après plus d’un mois de conflit social en Guyane, un accord de fin de conflit a été signé vendredi 21 avril entre l'État, les élus et le collectif qui pilotait la mobilisation, mettant fin aux barrages routiers, y compris de celui bloquant depuis plus d'un mois la fusée Ariane à Kourou.

Dans cet "Accord de Guyane", le gouvernement "acte" notamment le déblocage des 2,1 milliards supplémentaires que réclamait le collectif "Pou la Gwiyann dékolé" (pour que la Guyane décolle), arguant que le plan d'urgence d'un peu plus d'un milliard d'euros validé par l’État était insuffisant pour permettre à ce territoire d'Outre-mer, situé en Amérique du Sud, de rattraper son retard sur l'Hexagone.

Un "acte fondamental pour la Guyane"

Le collectif, représentant diverses composantes de la société guyanaise réclamait notamment des mesures pour renforcer les moyens de lutte contre l'insécurité, désenclaver les communes dont certaines n'ont toujours ni eau ni électricité, mieux reconnaître les peuples autochtones, améliorer les services de santé défaillants et le système scolaire inadapté à une démographie galopante.

Dans un communiqué, la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, a salué cet accord, évoquant "une journée déterminante pour l'avenir de la Guyane". Pour le préfet de Guyane, Martin Jaeger, il s'agit d'un "acte fondamental pour la Guyane. Il trace des ambitions. À nous de le faire vivre avec sérieux, conscience".

À Cayenne, le porte-parole du collectif, Davy Rimane, s'est félicité de l'accord. "On a réussi à ce que le protocole paraisse au Journal officiel. Maintenant on pourra travailler avec ce document et aller en justice si on n'est pas satisfaits", a-t-il expliqué. Toutefois, certains membres du collectif se sont faits plus menaçants : "Une fois que le prochain gouvernement sera en place, dès le premier jour, on va entrer en action. L'État nous doit sept milliards et pas deux", a asséné Olivier Goudet, membre du mouvement des "500 frères", dont la particularité est de défiler cagoulés.

Le rond-point proche du centre spatial de Kourou toujours bloqué

Mais alors que les barrages avaient commencé à être démontés, vendredi matin, à Cayenne et dans sa périphérie, à la veille de l'élection présidentielle prévue samedi en Guyane, le rond-point proche du centre spatial de Kourou restait bloqué par des militants. Ces derniers réclament "un courrier de la ministre de la Santé" pour acter par écrit "le passage en secteur public du Centre médico-chirurgical de Kourou".

Par rapport aux premiers accords arrêtés à Cayenne par le gouvernement le 1er avril, celui-ci présente peu d'évolution, si ce n'est le feu vert du gouvernement pour construire une "cité judiciaire à Cayenne" et l'acceptation que la question de la "rétrocession totale" des terres soit discutée "lors des prochains états généraux de la Guyane". Il acte également que l'État "fera l'objet d'une saisine, par le congrès des élus de Guyane", sur une "évolution statutaire" du territoire.

Le collectif a aussi obtenu la garantie qu'il n'y aurait aucune poursuite envers "les signataires de l'accord".

Avec AFP