À l'issue d'un scrutin marqué par de fortes tensions religieuses. Le gouverneur chrétien sortant de Jakarta, en procès pour insulte à l'islam, a reconnu sa défaite mercredi face à son rival musulman.
Il avait été le premier chrétien à accéder à la fonction de gouverneur de Jakarta, la capitale de l'Indonésie : Basuki Tjahaja Purnama, a reconnu sa défaite, mercredi 19 avril, face à l'ancien ministre indonésien de l'Éducation, Anies Baswedan, de confession musulmane.
D'après l'institut de sondage Indikator Politik, qui s'appuie sur un décompte de la quasi-totalité des bulletins de vote exprimés au second tour de l'élection, Baswedan obtient 58 % des voix contre 42 % pour son adversaire. Basuki Tjahaja Purnama a reconnu sa défaite : "Nous avons encore six mois avant que le nouveau gouverneur ne soit investi et nous allons finir nos devoirs", a dit celui qui quittera son poste en octobre.
La large victoire de Baswedan est une surprise d'une ampleur, que certains observateurs comparent au succès du Brexit au référendum britannique de juin dernier ou à l'élection de Donald Trump aux États-Unis. Au premier tour, le 15 février, Basuki Tjahaja Purnama, alias "Ahok", premier membre de la minorité chinoise et premier chrétien à gouverner la capitale indonésienne, était en effet arrivé en tête avec 43 % des voix, contre 40 % pour Baswedan.
La question religieuse a rejailli au premier plan lors de la campagne avec le procès en blasphème intenté en pleine campagne contre "Ahok" par des mouvements islamistes radicaux, qui ont mobilisé à plusieurs reprises leurs partisans dans la rue. En s'affichant avec eux, Baswedan, à la réputation de dirigeant modéré, a été accusé de vouloir instrumentaliser le vote musulman conservateur. Le procès de Purnama, une manœuvre politique selon ses partisans, reprendra jeudi. "Ahok" encourt jusqu'à cinq ans de prison.
Un procès symptomatique de la tension religieuse qui règne en Indonésie
C'est dans ce contexte de tensions religieuses croissantes que quelque sept millions d'électeurs de la capitale indonésienne étaient appelés aux urnes mercredi. Au cours de la semaine, le quotidien Jakarta Post a estimé que la campagne électorale dans la capitale avait été "la plus sale, la plus polarisante et la plus clivante" que l'Indonésie ait jamais connue.
L'élection au poste de gouverneur de Jakarta constitue un test pour la démocratie indonésienne, instaurée il y a moins de vingt ans. Elle a aussi valeur de baromètre en vue de l'élection présidentielle de 2019.
Avec Reuters