Google s'est résolu à payer une amende de plus de sept millions d'euros et à ouvrir davantage à ses concurrents son système Android pour smartphones pour mettre fin à des poursuites des autorités russes, en vertu d'un accord annoncé lundi.
C'est la fin d'un feuilleton judiciaire ayant opposé Google à l'autorité de la concurrence russe. En Russie, les téléphones Android ne préinstalleront plus les applications de Google, tels que le moteur de recherche éponyme, le navigateur Chrome ou encore Google maps.
La multinationale Alphabet, maison-mère de Google, est parvenue, lundi 17 avril, à un règlement extrajudiciaire avec le FAS, l'autorité de la concurrence russe. Approuvé par un tribunal un peu plus tôt dans la journée, cet accord stipule que les appareils disposant du système d'exploitation Android développé par la firme de Mountain View ne devront plus préinstaller les services Google. De plus, l'entreprise américaine devra s'acquitter d'une amende de 7,34 millions d'euros. Cet accord est valable pour six ans et neuf mois, a précisé Alexei Dotsenko, directeur adjoint du FAS.
Cet accord "répond aux intérêts de toutes les parties", a estimé Google dans un communiqué distinct.
Une plainte de 2015
Alphabet solde ici un contentieux l'opposant depuis 2015 à l'autorité anti-monopole russe suite à une plainte de Yandex, principal moteur de recherche en Russie.
A letter from Arkady Volozh, Yandex CEO, celebrating choice & reflecting on settlement of RU Android antitrust case https://t.co/LrXY9jzAyX pic.twitter.com/zl7Bc6LdU0
— Yandex (@yandexcom) 17 avril 2017L'entreprise russe dénonçait le fait que les terminaux Android commercialisés dans le pays soient associés par défaut aux applications de Google comme Gmail, Maps ou Chrome lui causant, en raison de ce monopole, d'importantes pertes de parts de marché.
Dès septembre 2015, le FAS avait qualifié la situation "d'abus de position dominante". En août 2016, l'autorité de la concurrence avait donné raison à Yandex et sanctionné Google d'une amende de six millions de dollars, soit 2,5 % de son chiffre d'affaires en Russie. Google a depuis multiplié les procédures d'appel puis lancé des discussions avec les autorités pour arriver à un compromis.
La Commission européenne inquiète également
La Russie n'est pas la seule à s'inquiéter de la situation monopolistique de Google. En avril 2016, la Commission européenne a accusé le géant de l'Internet d'abus de position dominante avec son système d'exploitation pour smartphones pour des raisons similaires à celles du voisin russe.
Le 6 mars, les membres de l'Open Internet Project (OIP) ont également déposé une plainte. Ce collectif d’entreprises européennes — composé notamment par le moteur de recherche Qwant et le conglomérat média allemand Axel Springer – a enjoint l'exécutif européen à simplifier ses procédures pour sanctionner Google : "Nous demandons que la Commission européenne soit armée d’instruments efficaces. Le temps, allié des monopoles, est un ennemi de la concurrence", avait déclaré Léonias Kalogeropoulos, le délégué général du collectif.
Et les adversaires de relever une ironie de l'histoire. En 2006, Google avait déposé une plainte similaire contre Microsoft accusé d'imposer le moteur de recherche MSN aux utilisateurs de son navigateur Internet Explorer. En matière de monopole, il semble plus facile de voir la paille dans l'œil du voisin que la poutre dans celui de son Android.
Qwant is joining the @EU_Commission antitrust complaint against Google. We want Android users to have a real choice of services they use. pic.twitter.com/dOASdmR3PQ
— Qwant (@QwantCom) 8 mars 2017