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Référendum en Turquie : les observateurs européens dénoncent des conditions inéquitables

Au lendemain de la victoire du "oui" au référendum en Turquie, une mission d'observateurs européens a dénoncé, lundi, un cadre juridique insatisfaisant. Erdogan hausse le ton et les somme de "rester à leur place".

La campagne pour le référendum en Turquie sur le renforcement des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan s'est déroulée dans des conditions inéquitables, a estimé, lundi 17 avril, une mission commune d'observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et du Conseil de l'Europe au lendemain de la victoire du oui. Cette réforme constitutionnelle a été approuvée à 51,4%, selon un résultat provisoire publié par les médias. Le Haut-Conseil électoral (YSK) en Turquie précise que le résultat définitif sera annoncé "d'ici à 11 ou 12 jours".

"Le référendum s'est déroulé sur un terrain inégal et les deux camps en campagne n'ont pas bénéficié des mêmes opportunités", a déclaré Cezar Florin Preda, de la mission d'observation. "Des modifications tardives dans la procédure de comptage (des voix) ont supprimé un important garde-fou", a-t-il ajouté, faisant allusion à la décision des autorités d'accepter les bulletins non estampillés du sceau officiel. Une modification qui a été actée peu de temps après le début du dépouillement des bulettins.

"Nous ne parlons pas de fraudes. Nous n'avons aucune information sur ce sujet", a toutefois souligné Cezar Florin Preda, ajoutant que cela ne relevait "pas de notre compétence".

Le président turc a haussé le ton quelques heures plus tard et sommé les observateurs européens de "rester à leur place". "Ils préparent un rapport à leur goût. (...) Déjà, restez à votre place !", a lancé Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours à son palais présidentiel à Ankara. "Nous ne voyons et nous ne tenons pas compte de tout rapport que vous pourriez préparer", a-t-il ajouté.

Les deux principaux partis d'opposition, le CHP (social démocrate) et le HDP (pro-kurde), ont dénoncé dès dimanche soir des "manipulations" et demandent l'annulation du scrutin.

La commission électorale rejette les accusations de fraudes

Le président de la commission électorale rejette les accusations du camp du "non" en soulignant que la décision de comptabiliser tous les bulletins avait été prise en raison de nombreuses plaintes d'électeurs et, surtout, avant la saisie informatique des résultats, ce qui exclut selon lui toute tentative de manipulation de la part des autorités.

Parmi les réactions internationales sur ce vote crucial pour l'avenir de la Turquie, la France a fait savoir lundi qu'elle "prend note des contestations émises et suivra avec la plus grande attention les évaluations du scrutin effectuées par le Conseil de l'Europe et l'OSCE". "Il appartient aux Turcs et à eux seuls de décider de leur organisation politique. Mais les chiffres publiés montrent qu'en tout état de cause la société turque est divisée sur les profondes réformes envisagées", affirme l'Elysée.

En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a, de son côté, appelé le président turc à chercher "un dialogue respectueux" avec tous les partis politiques après la courte victoire du "oui" au référendum lui accordant des pouvoirs accrus.

Avec AFP