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Attentat de Stockholm : l’Ouzbékistan dit avoir averti de la radicalisation d'Akilov

Le ministre ouzbek des Affaires étrangères a affirmé, vendredi, que son pays avait prévenu de la radicalisation du principal suspect de l'attentat de Stockholm. La Suède assure ne pas avoir reçu ces informations.

Le feuilleton judiciaire de l’attentat de Stockholm du 7 avril, qui a fait quatre morts et 15 blessés, ne fait que commencer. Notamment lorsqu’il s’agit de déterminer les responsabilités de chacun. Le ministre ouzbek des Affaires étrangères, Abdoulaziz Kamilov, a cherché à désengager celles de son pays, vendredi 14 avril, en affirmant avoir cherché à prévenir indirectement la Suède. "Les informations sur les actions de Rakhmat Akilov ont été transmises [...] à un de nos partenaires occidentaux pour ensuite informer la partie suédoise", a-t-il déclaré sans indiquer à quel pays ces informations avaient été transmises.

Mais côté suédois, on assure n’avoir rien reçu. "Le ministère des Affaires étrangères n'a pas reçu de telles informations", a indiqué en retour une porte-parole de la diplomatie suédoise, Victoria Bell. Une telle absence d'information pose beaucoup de questions, tant la menace semblait identifiée.

Abdoulaziz Kamilov a ainsi indiqué que son pays avait placé Rakhmat Akilov sur une liste de personnes soupçonnées d'extrémisme à caractère religieux. Une source policière ouzbèque affirme également que l’Ouzbékistan avait émis en février 2017 un mandat d'arrêt international contre son ressortissant après l'ouverture d'une information judiciaire pour "extrémisme religieux". Contacté par France 24, Interpol n’a pas pour l’instant confirmé l’existence de ce mandat d’arrêt.

Aller-retour à la frontière syrienne

Akilov, 39 ans, ouzbek issu de la minorité tadjike, vit en Suède depuis 2014, année au cours de laquelle il a quitté son pays. C’est là qu’il se serait radicalisé, toujours selon Abdoulaziz Kamilov, au contact d'une cellule islamiste tadjike. Il aurait alors été "recruté sur Internet par des émissaires de l'organisation terroriste État islamique" (EI).

Le processus est rapide : assez pour vouloir dès 2015 tenter de passer la frontière entre la Turquie et la Syrie, afin de "tenter de prendre part aux combats en Syrie", selon une source policière ouzbèque. Rakhmat Akilov est alors arrêté puis renvoyé en Suède. Les autorités du pays nordique ont-elles alors été mises au courant du périple de celui qu’elles hébergeaient sur leur sol ? Elles n'en ont pour l'instant pas fait mention.

De retour à Stockholm, Rakhmat Akilov continue de travailler sur des chantiers jusqu’en décembre 2016, lorsque les autorités suédoises lui signifient le rejet de sa demande d’asile, déposée en 2014. Il est alors censé quitter le territoire sous quatre semaines mais ne le fait pas. En février 2017, il est donc placé sur la liste des personnes recherchées par la police, au moment où l’Ouzbékistan dit avoir émis le mandat d’arrêt.

Un attentat justifié par des bombardements inexistants

Deux mois plus tard, il tue quatre personnes en fonçant, au volant d’un camion, dans une rue piétonne du centre de Stockholm. Selon le journal Expressen, qui a eu accès à la retranscription de son interrogatoire par la police suédoise, il s’est dit "satisfait de ce qu’il [avait] fait". "J’ai descendu des infidèles", se serait-il vanté, selon le journal Aftonbladet, et aurait avancé comme motif avoir "frappé la Suède car elle frappe son pays" : "Les bombardements en Syrie doivent cesser". The Independent révèle par ailleurs que le suspect a indiqué que l’"ordre" pour l’attaque était venu directement de l’EI, en Syrie.

Sauf que la Suède n’a pas bombardé la Syrie, ni l’Irak. Tout au plus le royaume nordique a-t-il envoyé une trentaine d’instructeurs militaires en Syrie… et des centaines de millions de dollars de dons humanitaires. La Suède avait d’ailleurs critiqué, le jour même de l’attentat de Stockholm, la frappe américaine contre une base militaire du régime syrien. "Il est important que de telles actions soient basées sur le droit international", avait rappelé la ministre suédoise des Affaires étrangères, Margot Wallström.