L'ancien nationaliste Aleksandar Vucic, devenu Premier ministre pro-européen de la Serbie, est le favori de l'élection présidentielle serbe, dont le premier tour se déroule dimanche.
Quelque 6,7 millions de Serbes sont appelés aux urnes ce dimanche 2 avril, pour élire un nouveau président. Aleksandar Vucic, Premier ministre depuis 2014, est le grand favori : il pourrait même l'emporter dès le premier tour face à une opposition faible qui présente dix candidats.
L'homme fort du pays, un ancien ultranationaliste de 47 ans converti au centrisme et au rapprochement avec l'Union européenne, tient solidement les rênes de son pays et de son Parti du progrès (SNS), qui contrôle le Parlement. S'il devenait chef de l'État, le poste de président, aujourd'hui honorifique, retrouverait l'importance qu'il avait sous Slobodan Milosevic (1989-1997) ou le libéral Boris Tadic (2004-2012). Le nouveau Premier ministre serait son obligé et son collaborateur.
Si l'opposition est divisée, elle s'accorde à pointer les risques de concentration des pouvoirs en cas de victoire de Vucic. Le candidat ultranationaliste Vojislav Seselj demande "que tout le pouvoir ne soit pas concentré dans les mains d'un seul homme, Aleksandar Vucic", Premier ministre depuis 2014. Un point de vue que partagent les candidats pro-européens et libéraux Vuk Jeremic et Sasa Jankovic.
La victoire hors d'atteinte de l'opposition
Tous espèrent forcer Aleksandar Vucic à un second tour le 16 avril. À moins que ce rôle n'échoie à un amuseur public, Luka Maksimovic, qui incarne un personnage fictif et loufoque, "Beli". "ll fait des promesses farfelues et incarne une caricature de politicien corrompu", explique Laurent Rouy, correspondant de France 24 à Belgrade, qui ajoute qu'il est donné par certains sondages en 2e position, derrière Vucic.
D'autres le donnent à environ 10 % des voix, comme Jeremic, Jankovic et Seselj.

Si la victoire finale semble hors d'atteinte, l'enjeu est d'importance, selon le cercle de réflexion Eurasia Group : le qualifié pour un second tour, qui tournerait au référendum pour ou contre Vucic, "pourrait y trouver suffisamment d'élan pour s'imposer" pour la suite comme la figure de proue de l'opposition.
Aleksandar Vucic a été accusé de dérive autoritaire, un reproche qui trouve un certain écho comme chez Mihajlo, un taxi de 59 ans qui ne veut "plus que le pouvoir soit entre les mains d'un seul politicien".
Moquant l'incapacité de l'opposition à remettre en cause son hégémonie, Aleksandar Vucic l'a attaqué durement, l'accusant par exemple de recevoir "des millions d'euros de certains pays étrangers".
"Les 10 qui s'unissent contre un seul (...) veulent arrêter le progrès de notre pays, le ramener au passé pour pouvoir se remplir les poches", a-t-il lancé en meeting.
Il a aussi vanté ses bons résultats économiques de ce pays de près de 7 millions d'habitants, dont la croissance est revenue à 2,8 % en 2016, même si le revenu moyen reste un des plus faibles d'Europe, à 330 euros.
Avec AFP