Alors que les négociations, visant à sortir la Guyane de la crise, entre le gouvernement et la délégation de grévistes semblaient difficiles, les excuses formulées, jeudi, par la ministre des Outre-mer ont permis d'apaiser la situation.
Les négociations entre les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, Mathias Fekl et Ericka Bareigts, et des manifestants avaient débuté jeudi 30 mars au matin dans une ambiance extrêmement lourde. Les centaines de Guyanais qui s’étaient rassemblés devant la préfecture ne cachant pas leur méfiance.
Le climat a changé dans l'après-midi après qu’Ericka Bareigts a présenté ses "excuses au peuple guyanais" pour des années de sous-investissement de Paris dans ce territoire. À ces mots, les membres du collectif Pou Lagwiyann dékolé ("Pour que la Guyane décolle", en créole) qui prenaient part aux négociations, mais aussi les centaines de personnes rassemblées devant la préfecture, ont applaudi et poussé des cris de joie.
"Il s'est passé quelque chose de fort. Les conditions de la confiance sont là", s'est félicité le ministre de l'Intérieur, lors d'un entretien avec l'AFP et Le Monde.
Des excuses avaient été demandées un peu plus tôt à la ministre par Gaëlle Lapompe Paironne, membre de la délégation reçue en préfecture : "Madame la ministre de l'Outre-mer, le peuple guyanais vous demande de vous excuser. Nous pouvons pardonner les bêtises mais pas le mépris".
Une vidéo de la scène que l’AFP a pu consulter montre d’ailleurs Gaëlle Lapompe Paironne se jeter dans les bras d’Ericka Bareigts après les excuses de cette dernière.
Premières mesures d’aide
La Guyane connaît depuis une dizaine de jours un mouvement de contestation d'une ampleur historique, sur fond de revendications sécuritaires, économiques et sociales.
Mardi, ce département a connu "la plus grosse manifestation de son histoire", avec près de 15 000 marcheurs sur une population de 250 000 habitants. Les 37 syndicats membres de l'Union des travailleurs guyanais (UTG) avaient voté samedi à la quasi-unanimité la grève générale illimitée qui a commencé lundi.
Mathias Fekl a indiqué qu’une "veille ministérielle" avait été mise en place à Paris pour "parvenir à des arbitrages" sur les principaux points. Le ministre de l’Intérieur compte apporter des réponses au collectif "samedi" au plus tard.
Par ailleurs, l'exécutif a déjà validé un certain nombre de mesures pour répondre aux exigences populaires, telle la création d'un Tribunal de grande instance et d'un centre pénitentiaire à Saint-Laurent du Maroni, la deuxième ville du territoire, ainsi que la suspension de la cession du centre médical de Kourou.
"La fidélisation d'un escadron de gendarmes mobiles à Cayenne"a été annoncée par le préfet Jean-François Cordet. Ericka Bareigts et la ministre de la Santé, Marisol Touraine ont, quant à elles, validé une aide de fonctionnement exceptionnelle de 20 millions d'euros à l'hôpital de Cayenne, en difficulté financière.