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Benoît Hamon présente un programme enrichi du "Made in France"

À la traîne dans les sondages et lâché par Manuel Valls, le candidat socialiste Benoît Hamon espère relancer sa campagne après avoir présenté jeudi un programme enrichi notamment du "Made in France" d'Arnaud Montebourg.

Rélégué à la position de quatrième homme (derrière Marine Le Pen, Emmanuel Macron, et François Fillon) et lâché par certains au sein de son propre camp, Benoît Hamon a présenté son programme, jeudi 16 mars, en renvoyant dos à dos François Fillon et Emmanuel Macron, jugeant qu'ils défendaient un libéralisme en voie d'extinction et déplorant la place trop importante de "l'argent" dans la campagne pour l'élection présidentielle.

Son projet, a expliqué Benoît Hamon, doit répondre à plusieurs crises : démocratique, écologique et économique qui traversent selon lui non seulement la France mais une grande partie du monde, des États-Unis à la Russie en passant par la Turquie ou l'Europe de l'Est notamment.

Selon lui, le projet de Marine Le Pen est celui de la guerre et du nationalisme, quand les programmes de François Fillon et Emmanuel Macron prépareraient à "nous arrimer ou à rester accroché au monde qui s’éteint" : à savoir "celui des libéraux, conservateurs ou moins conservateurs, qui privilégient aujourd’hui la dérégulation, la libéralisation, la remise en cause de l’État providence, la remise en cause de l’État social ou de la République sociale".

Benoît Hamon s'est par ailleurs défendu d'avoir voulu recopier les propositions de ses ex-rivaux de la primaire. Interrogé sur la reprise de mesures d'Arnaud Montebourg, de Vincent Peillon ou de Sylvia Pinel (PRG), il a récusé être "dans un exercice d'appareil".

Made in France de Montebourg

"Si mon projet politique, c'est de faire du copier-coller, de prendre des paragraphes des uns et des autres, cela serait absurde", a-il dit. "Pardon, sur le Made in France, moi je ne cherche pas à faire plaisir à Arnaud Montebourg, a-t-il poursuivi. Je prends ce que je juge être une proposition intelligente qui permet de créer de l'emploi et de surcroit, dont les modèles économiques seront beaucoup plus vertueux sur le plan de l'environnement."

Le candidat socialiste a en effet décidé d'emprunter à Arnaud Montebourg l'un de ses chevaux de bataille : la priorité accordée au Made in France ainsi qu'aux petites et moyennes entreprises, auxquelles 50 % des marchés publics seront réservés.

Ce n'est pas le seul emprunt fait à l'ancien ministre de l'Économie et du Redressement productif, puisque le député des Yvelines promet aussi de taxer les superprofits des banques et de renforcer le pouvoir des salariés dans les entreprises : ceux-ci représenteront la moitié des membres votants des conseils d'administration des grandes entreprises et des entreprises de taille intermédiaire.

Benoît Hamon entend aussi déminer les inquiétudes liées à sa fameuse "taxe sur les robots". Loin d'empêcher l'innovation, celle-ci viendra abonder un "fonds de transition travail", dédié à financer la formation et le retour à l'emploi des chômeurs. "Cette contribution ne concernera que les entreprises dont la robotisation s'accompagne d'une réduction des effectifs", précise Benoît Hamon dans un courrier adressé à Sylvia Pinel.

Revenu universel amendé

Comme annoncé la semaine dernière, le revenu universel d'existence, conçu comme une réponse à la raréfaction du travail, apparaît désormais comme une mesure pour soutenir le pouvoir d'achat des 19 millions de Français qui le toucheront: bénéficiaires actuels du RSA, étudiants, indépendants, salariés percevant jusqu'à 1,9 SMIC.

Évaluée à 35 milliards d'euros pour sa première étape, la mesure sera financée grâce à une réorientation de 10 milliards d'euros des crédits alloués au CICE (Crédit impôt compétitivité et emploi) et au Pacte de responsabilité, et par du déficit (et non plus, comme M. Hamon l'affirmait dans la primaire, par une réforme de la fiscalité du patrimoine).

La présentation de ce programme suffira-t-elle cependant à calmer les inquiétudes des socialistes ? Mardi, malgré les premiers gestes de bonne volonté effectués par Benoît Hamon, sur le revenu universel d'existence ou les déficits, l'ex-Premier ministre Manuel Valls a annoncé qu'il ne parrainerait pas le candidat Hamon, dénonçant une "dérive" et une "forme de sectarisme" du candidat. Mercredi soir, l'une des proches de l'ancien Premier ministre, la secrétaire d'État chargée de l'Aide aux victimes, Juliette Méadel, s'est également fait l'écho de ces réticences sur Radio Classique, affirmant se poser "de plus en plus de questions sur la stratégie et le programme [de Benoît Hamon]".

Avec AFP et Reuters