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Manuel Zelaya accepte la médiation du président du Costa Rica

Le président destitué du Honduras Manuel Zelaya accepte de recourir à la médiation du président du Costa Rica, Oscar Arias, pour négocier avec les putschistes et tenter de résoudre la crise politique qui secoue son pays.

AFP - Un prix Nobel de la paix, le président du Costa Rica Oscar Arias, a été plébiscité mardi comme médiateur pour tenter de dénouer la crise au Honduras, premier geste d'ouverture des autorités qui ont renversé le chef de l'Etat Manuel Zelaya il y a dix jours.

Les deux camps se rencontreront pour la première fois jeudi au Costa Rica, a confirmé M. Arias, connu comme l'artisan de la paix après des années de guerre civile en Amérique centrale. "Les deux parties m'ont invité à jouer le rôle de médiateur", a-t-il annoncé depuis San Jose.

Cette réunion marquera le premier face-à-face entre M. Zelaya, en exil depuis son éviction, et son ancien allié, Roberto Micheletti, qui a été désigné par le Congrès pour lui succéder.

Cette médiation a été saluée par la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton, après un entretien à Washington avec le président destitué du Honduras. Mme Clinton a aussi plaidé en faveur d'un "rétablissement de l'ordre démocratique et constitutionnel" et d'une "solution pacifique" à la crise.

Ce rendez-vous a démontré l'importance du rôle joué par Washington au Honduras, où des effectifs américains sont présents sur la base aérienne de Soto Cano, à 80 km de la capitale Tegucigalpa.

Les nouvelles autorités honduriennes avaient déjà fait un pas dans la matinée: la Cour suprême avait déclaré que M. Zelaya serait autorisé à rentrer dans son pays si le Congrès l'amnistiait.

Ce magnat de l'industrie forestière, au pouvoir depuis début 2006, avait été renversé par les militaires, sur ordre de la justice, pour avoir tenté d'organiser une consultation populaire, contre l'avis de la Cour Suprême.

Dans ce cas, M. Zelaya ne serait plus poursuivi pour les chefs d'accusation "politiques", comme la haute trahison, qui lui vaut à l'heure actuelle d'être menacé d'arrestation à son retour. Mais il devrait toujours répondre d'autres délits, notamment de corruption, devant la justice ordinaire.

De son côté Interpol, sollicitée par Tegucigalpa, a annoncé mardi qu'elle refusait d'émettre un avis de recherche international contre le président déchu.

Dans un autre signe de détente, l'aéroport, qui était fermé depuis la tentative de retour avortée de M. Zelaya dimanche, a été réouvert.

Pour sa part, le chef de l'Etat déchu, qui souhaitait modifier la Constitution pour pouvoir briguer un deuxième mandat, a aussi fait un geste en acceptant de convoquer une élection présidentielle anticipée s'il retrouvait le pouvoir.

A Tegucigalpa, ses partisans sont à nouveau sortis par milliers pour exiger son retour. Sa femme, Xiomara Castro, était pour la première fois à leur tête, après s'être réfugiée pendant plusieurs jours à l'ambassade des Etats-Unis.

Le cortège a défilé dans le calme, deux jours après la mort de deux partisans de M. Zelaya tués par balle au moment où ils tentaient de forcer les barrages militaires autour de l'aéroport.

Ce drame avait encore terni davantage l'image des nouvelles autorités qui n'ont pas réussi à convaincre la communauté internationale qu'elles n'avaient pas perpétré un "coup d'Etat", mais procédé à une "succession constitutionnelle".

M. Zelaya bénéficie en revanche de nombreux soutiens, de l'ONU à l'Union européenne en passant par l'Organisation des Etats américains (OEA), qui a exclu le Honduras de ses rangs, un fait inédit depuis l'éviction de Cuba en 1962.