Vendredi, au deuxième jour de nouveaux pourparlers de paix entre Damas et l'opposition syrienne, l'ONU n'était pas parvenu à relancer le dialogue à Genève tandis que la violence redouble sur le terrain, notamment à Homs.
Au deuxième jour du nouveau processus de négociations à Genève entre le régime de Damas et l'opposition syrienne, l’ONU tente toujours péniblement de lancer des discussions de paix, entre deux des principaux acteurs du conflit.
Aucune discussion détaillée ne s'était encore engagée, vendredi 24 février, avec l'ONU, et encore moins entre les deux parties, alors que, sur le terrain, la violence se poursuit en Syrie, malgré le cessez-le-feu en vigueur depuis fin décembre.
Présentés par l'ONU comme une opportunité "historique", les pourparlers s'enlisent déjà. L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a successivement rencontré vendredi les représentants du régime et de l'opposition, et il doit poursuivre ses entretiens durant le week-end. Il souhaite engager les discussions autour de trois thèmes : gouvernance, Constitution et élections. Alors que le sort du président Bachar al-Assad divise toujours, les trois sessions de discussions indirectes à Genève avaient déjà échoué en 2016.
Attaques suicides contre des sièges de la sécurité à Homs
Sur le terrain, au moins deux attentats-suicides ont frappé, samedi, des sièges de la Sécurité dans la ville syrienne de Homs contrôlée par Damas, faisant au moins 42 morts, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le gouverneur de la province centrale de Homs, Talal Barazi, parle lui d'un premier bilan de 30 morts et 24 blessés.
Selon les médias officiels, les attaques ont visé le siège du service de la Sûreté de l'État et celui des renseignements militaires, situés respectivement dans les quartiers de Ghouta et de Mahatta dans le centre de Homs, troisième ville du pays sous contrôle du régime.
L'ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie a revendiqué l'attaque dans un communiqué précisant que "cinq kamikazes [avaient] pris d'assaut les sièges de la Sûreté d'État et des renseignements, tuant plus de 40 personnes dont Hassan Daaboul", un proche du président Bachar al-Assad et l'une des personnalités les plus connues des milieux des renseignements syriens.
Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH a indiqué que "ces attaques sont les plus audacieuses perpétrées" depuis l'attentat contre le bâtiment de Sécurité nationale à Damas en juillet 2012 qui avait vu mourir le ministre de la Défense, son adjoint et beau-frère de M. Assad, ainsi que le chef de la cellule qui était en charge de mater la révolte transformée en guerre brutale.
Une destabilisation du processus de paix
Pour l'émissaire de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura, il ne fait aucun doute que ces attaques contre les services de renseignements syriens à Homs visaient à faire "dérailler" les négociations de paix de Genève. "À chaque fois que nous avons des pourparlers, il y a toujours quelqu'un qui essaye de faire dérailler le processus. Nous nous y attendions", a-t-il déclaré à la presse samedi.
Le régime de Damas, de son côté, a promis des "représailles" à l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda. "Les attaques terroristes qui ont visé Homs constituent un message clair à Genève. Le message a été reçu et nous ne le laisserons pas passer sans représailles", a déclaré à la presse Bachar al-Jaafari, le chef de la délégation du régime syrien présente aux négociations de Genève. À l'issue d'un entretien avec Staffan de Mistura, il a ajouté que le régime n'accepterait de discuter avec l'opposition que si celle-ci est "unifiée, condamne le terrorisme et n'a pas d'agenda étranger".
Les opposants ont aussitôt accusé Damas de chercher un prétexte pour mettre fin au processus politique."Nous condamnons tous les actes terroristes commis par tous
les groupes terroristes. Si l'opération à Homs a été menée par l'un d'entre eux, je le dis clairement", a déclaré le principal négociateur de l'opposition, Nasr al Hariri. "Ils cherchent uniquement à se maintenir au pouvoir. Le régime tente de bloquer les négociations", a-t-il ajouté.
Avec AFP