
Face à une crise diplomatique sans précédent entre les États-Unis et le Mexique, le secrétaire d'État américain Rex Tillerson doit s'entretenir jeudi avec le président avec Enrique Peña Nieto à Mexico. Les négociations s'annoncent houleuses.
La rencontre entre le secrétaire d'État américain Rex Tillerson et le président du Mexique Enrique Pena Nieto à Mexico, jeudi 23 février, peut-elle vraiment apaiser les tensions entre les deux pays ? À la Maison blanche, le porte-parole Sean Spicer assure que cette visite doit '"améliorer la qualité de vie des peuples du Mexique et des États-Unis en combattant les trafiquants de drogue et en trouvant des façons de dynamiser nos deux économies à travers une relation plus large favorisant le commerce et l'immigration légale".
Si les deux gouvernements ont assuré qu'ils avaient entamé un "dialogue constructif" depuis la visite du ministre mexicain des Affaires étrangères Luis Videgaray il y a deux semaines à Washington, l'administration Trump reste droite dans ses bottes en matière de politique migratoire et peu encline à la négociation.
Washington a demandé mardi dernier d'accélérer les expulsions d'immigrés illégaux, dont beaucoup sont originaires du Mexique. Donald Trump, qui a qualifié les migrants mexicains de "délinquants" et de "violeurs", a lancé le projet de construction d'un mur à la frontière, qu'il avait promis durant sa campagne.
"Dispositions unilatérales"
Or, le Mexique refuse de se plier à des décisions unilatérales de son voisin. "Je veux dire clairement, de la façon la plus emphatique qui soit, que le gouvernement du Mexique et le peuple mexicain n'ont pas à accepter des dispositions qu'un gouvernement veut imposer de manière unilatérale à un autre", a asséné, mercredi, le ministre des Affaires étrangères.
Luis Videgaray a assuré que les mesures migratoires décidées par les États-Unis seraient un "thème fondamental" dans les discussions. Il a ajouté que son pays agirait "par tous les moyens légaux disponibles" pour défendre ses compatriotes vivant à l'étranger, au besoin en saisissant "les organismes internationaux".
Sous la pression du peuple mexicain
Le président des États-Unis s'est aussi engagé à renégocier, voire abroger, l'accord de libre-échange nord-américain Alena, trop favorable selon lui aux intérêts du Mexique. Une renégociation à haut risque pour l'économie mexicaine - 80 % des exportations sont orientées vers les Etats-Unis -, avec un peso qui a lourdement chuté au cours des derniers mois pour atteindre son plus bas historique.
"Nous sommes un grand allié pour lutter contre les migrations, le narcotrafic", a insisté le ministre mexicain de l'Économie Ildefonso Guajardo dans une interview samedi au quotidien canadien The Globe and Mail. "Si à un moment la relation est malmenée, les motivations pour que le peuple mexicain poursuive sa collaboration sur ces questions au cœur de la sécurité diminueront", a-t-il déclaré.
Sous la pression de la rue, qui appelle à défendre les intérêts nationaux, le président Peña Nieto doit s'entretenir à 13 heures (locales) avec le secrétaire d'État américain. D'autres rencontres avec des ministres mexicains sont également au programme.
Avec AFP