Des milliers de militants du parti de la gauche radicale espagnole Podemos sont réunis en congrès à Madrid samedi. Ils doivent trancher entre les lignes politiques incarnées par leur chef, Pablo Iglesias, et son numéro deux, Inigo Errejon.
"Unité ! Unité !", crient régulièrement les milliers de militants de Podemos réunis en congrès samedi 11 février à Madrid. Les membres du parti de la gauche radicale espagnole doivent lui choisir un avenir et une ligne politique en tranchant un débat virulent entre le chef du parti, Pablo Iglesias, et son numéro deux et ami, Inigo Errejon, sur le cap que doit prendre la troisième force politique en Espagne.
Aujourd'hui, Podemos dépasse dans les sondages le Parti socialiste (PSOE) et veut se poser en véritable opposition au Parti populaire (PP) au pouvoir. Les deux leaders sont divisés sur les moyens à utiliser pour gagner les prochaines élections.
Podemos, parti à l'ascension fulgurante né en 2014, espoir de la gauche radicale en Europe et frère du grec Syriza, doit-il être un parti antisystème et se concentrer sur l'agitation sociale ? Ou, au contraire, privilégier les institutions, la lutte au Parlement, pour "faire moins peur", voire nouer des alliances ponctuelles avec les socialistes?
Pablo Iglesias, 38 ans, leader historique du mouvement et professeur de sciences politiques, défend la première option, "le combat de rue", l'alliance avec les écolo-communistes d'Izquierda Unida. Inigo Errejon, également docteur en sciences politiques, de cinq ans son cadet, prône la deuxième option, plus modérée, ou "transversale", selon lui. Leur opposition a pris de telles proportions que Podemos risque aujourd'hui de voler en éclats, au grand désarroi de ses militants.
La fin de la mainmise de Pablo Iglesias ?
Au-delà de ce débat stratégique, il y a aussi une querelle sur les pouvoirs de Pablo Iglesias, trop larges selon le courant d'Inigo Errejon mais aussi pour les membres du courant "anticapitaliste", qui a également présenté ses propositions samedi. Les résultats d'un vote sur les programmes sont attendus dimanche aux alentours de 13 h.
Les militants se prononceront aussi sur la composition de la direction et décideront si Pablo Iglesias reste aux commandes. Seul le chef historique et un candidat peu connu, Juan Ignacio Moreno Yague, se présentent, Inigo Errejon n'ayant pas souhaité briguer ce mandat.
Mais Pablo Iglesias a assuré jusqu'à la dernière minute que si son projet de programme n'était pas retenu, il quitterait la direction du parti. S'ouvrirait alors une deuxième crise au sein de Podemos pour tenter de remplacer son leader historique.
Avec AFP