
La mairie de Calais a fait installer mercredi une benne à ordure pour bloquer l’entrée des locaux du Secours catholique, qui y installait des douches pour les migrants. L’association proteste et réfléchit à une action en justice.
Les relations se tendent un peu plus entre la mairie de Calais et les associations d’aide aux migrants. Mercredi 8 février, la municipalité déposait une plainte contre X après la découverte de ce qu’elle considère être un squat de migrants, abrités sous une structure du Secours catholique.
Le lendemain, des employés municipaux installaient une benne à ordures devant un bâtiment de l’association pour empêcher l’installation de blocs sanitaires à disposition des migrants.
L’ONG, qui entretenait déjà un dialogue difficile avec la mairie, dit désormais réfléchir à la possibilité de poursuites judiciaires.
Le retour des migrants à Calais
Le Secours catholique souhaitait installer trois blocs de douches pour améliorer les conditions d’hygiène des populations de migrants. Les deux premiers ont pu être acheminés dans les locaux de l’association mais le troisième a été bloqué, mercredi, par le directeur de cabinet du maire de Calais, qui a d’abord utilisé son véhicule personnel avant de demander l’installation d’une benne à ordure.
Depuis quelques mois, les migrants sont de retour à Calais, toujours dans l’espoir d’atteindre le Royaume-Uni. "Une cinquantaine d’exilés viennent nous voir régulièrement dans nos locaux, principalement des mineurs érythréens et soudanais", explique à France 24 Jacky Verhaegen, du Secours catholique de Calais.
L’association a constaté chez ces jeunes deux cas de gale ainsi qu’un d’impétigo, une maladie de la peau très contagieuse, et justifie ses installations par "l’urgence sanitaire". "Nous avons décidé d’installer des douches car ces personnes font face à de gros problèmes d’hygiène et ont ainsi un besoin vital de se reposer, de manger et surtout de se laver", insiste-t-il.
La crainte de voir un camp se reformer
À la mairie, on indique que le Secours catholique avait été autorisé à ouvrir ce local afin "de distribuer des chaussures et des vêtements pour les migrants à l’époque où la ‘jungle’ de Calais était encore en activité", précise à France 24 Emmanuel Agius, premier adjoint. Et non d’y ouvrir des douches.
Or, ajoute l'édile Les Républicains, "aucune autorisation d’urbanisme, pourtant obligatoire, n’avait été délivrée".
Ces questions "techniques" mises à part, la plus grande crainte des autorités calaisiennes est de voir se reformer un camp de migrants dans la région. "Nous n’avons pas vécu le démantèlement du camp de la Lande pour revenir en arrière quelques mois plus tard et installer des douches en plein cœur de la ville", se justifie Emmanuel Agius. "Cela pourrait créer un appel d’air. On a déjà donné, c’est terminé, ça suffit".
L’adjoint au maire dit également vouloir défendre la population, qui est selon lui "traumatisée de ce qu’elle a vécu pendant toutes ces années", et espère pouvoir redorer l’image de sa ville en faisant revenir une activité touristique, "au même titre que les autres villes de France".
Le Secours catholique, qui dénonce le retour du délit de solidarité, a fait constater mercredi par huissier la présence de cette benne placée sur le domaine public et empêchant l’entrée des voitures dans la cour du bâtiment. En attendant, "le dialogue avec la mairie, qui était déjà difficile, est complétement rompu", conclut Jacky Verhaegen.
Avec AFP